Le Wall Street Journal critique jeudi la brèche dans la réforme des retraites ouverte la veille par le gouvernement français, évoquant un risque pour la notation du pays.

« Abaisser l'âge de la retraite rapproche la France d'une nouvelle dégradation » de sa notation par les agences financières, prévient dans un éditorial le Wall Street Journal, pour qui la réforme de l'âge de la retraite en 2010 était « la réalisation la plus importante de Nicolas Sarkozy en matière de politique intérieure ». « C'était plus d'un an avant que la France perde sa notation triple A et se déplace vraiment dans le camp à risque ».

L'agence de notation Standard & Poor's avait retiré en janvier à la France sa note maximale « AAA ». Sa concurrente Moody's Investors Service l'a pour sa part confirmée fin mai, mais a laissé la perspective négative, signifiant qu'elle pourrait abaisser la note « à moyen terme ».

« Réalisme bismarckien »

Le Wall Street Journal évoque la « bombe budgétaire » qui menace les régimes de retraite en Europe, en raison de l'allongement de la durée de vie et de la baisse de la natalité. Il rappelle que quand le chancelier allemand Bismarck avait créé le premier système de sécurité sociale en 1889, l'âge de la retraite était fixé à 70 ans, quand les travailleurs en dépassaient rarement 50. « Une dose de pragmatisme bismarckien serait appropriée à la fois pour M. Hollande et pour les syndicats qui applaudissent la décision de mercredi », juge le quotidien.

« Une fiscalité plus élevée pourrait aider à aplanir les chiffres durant un moment, mais au prix d'une hausse du coût du travail salarié et donc en endommageant la création d'emplois et la croissance », souligne-t-il. « A moins que les taxes sur les salaires n'atteignent des niveaux astronomiques, il s'avèrera impossible sur la durée d'équilibrer un système dans lequel les retraités passent deux décennies à vivre de l'argent d'autres personnes ».