Dans une tribune publiée par les Echos, deux responsables d'associations d'accidentés du travail estiment que la retraite à 60 ans pour les travailleurs usés par des métiers pénibles, comme le propose le projet du gouvernement, est un horizon "inatteignable pour des centaines de milliers de personnes".

« Le volet pénibilité de la réforme des retraites s'apparente à une succession d'injustices », dénoncent Arnaud de Broca, secrétaire général de la Fnath (association des accidentés de la vie) et François Desriaux, porte-parole de l'association nationale des victimes de l'amiante (Andeva).

Pour eux, le dispositif proposé par le gouvernement pour prendre en compte la pénibilité « repose uniquement sur l'incapacité physique de travail » et écartent des salariés qui ont été exposés à des produits cancérogènes, et qui ont « une espérance de vie réduite, mais pas de traces physiques de cette atteinte ». Le travail de nuit ou le travail en horaire alterné constituent également « un facteur de risque de mortalité prématurée ».

Arnaud de Broca et François Desriaux estiment que le seuil de 20% d'incapacité permanente partielle, nécessaire pour pouvoir partir à la retraite à 60 ans au lieu de 62 ans, « exclut un nombre non négligeable de travailleurs », parce que « toutes les pathologies du travail ne sont pas reconnues comme maladies professionnelles ». Ils citent le cas des caissières, manutentionnaires, femmes de ménage ou ouvriers à la chaîne, qui « sont fréquemment atteints en fin de carrière, voire bien avant, de pathologies ostéo-articulaires qui constituent des handicaps sévères générant des difficultés dans leur vie quotidienne, mais qui n'atteignent pas dans tous les cas la barre des 20% ».