Le président Nicolas Sarkozy, en visite mardi à Laon (Aisne), a affirmé qu'il voulait réformer les retraites "de façon juste", pour le public comme pour le privé, et invité les fonctionnaires à être "fiers" de leur travail et de leurs compétences.

Lors d'une table ronde qui clôturait un déplacement sur "l'avenir de la fonction publique", M. Sarkozy a réaffirmé qu'il souhaitait garder "le régime de retraite par répartition".

"Je n'accepterai pas un changement structurel de notre système de retraite. Les histoires de capitalisation, ça peut être éventuellement un complément mais notre régime de retraite, c'est la solidarité entre les générations", a dit le chef de l'Etat.

"Je ne serai pas le président qui fait la réforme des retraites pour le privé et pas pour le public", a-t-il ajouté, tout en reconnaissant "la spécificité du service public", où le taux de retraite est calculé sur les six derniers mois travaillés, contre les 25 dernières années pour les salariés du privé.

Selon M. Sarkozy, "la réforme vaudra pour tout le monde, les 22 millions de salariés du privé et les cinq millions de salariés du public. Est-ce à dire qu'il ne faut pas tenir compte de vos spécificités ? Certes non", a-t-il dit aux fonctionnaires qui participaient également à la table ronde.

"Je ferai la réforme des retraites mais je la ferai de façon juste et dans mon esprit ça concerne les fonctionnaires aussi. Je ne ferai pas les choses derrière le rideau, les Français auront tous les éléments et ils jugeront", a-t-il ajouté.

Alors qu'un projet de loi sur les retraites doit être déposé au Parlement début septembre, cinq syndicats ont annoncé une journée d'action le 23 mars, portant sur les retraites, mais aussi sur l'emploi, le pouvoir d'achat et les services publics.

"Soyez fiers d'être fonctionnaires", a par ailleurs dit M. Sarkozy aux personnels de la mairie de Laon, où il est venu visiter le service des passeports biométriques. "On ne parle pas bien des fonctionnaires. On ne respecte pas assez vos compétences. On ignore les difficultés qui sont les vôtres", a-t-il affirmé.

"Hier (lundi), j'étais dans deux départements martyrisés par la tempête. Je peux vous dire qu'en Vendée et en Charente-Maritime, ils comprennent ce que ça veut dire, des services publics disponibles quand il y a un problème", a-t-il déclaré.

Alors que les fonctionnaires sont inquiets face à la suppression d'emplois (non remplacement d'un fonctionnaire sur deux partant à la retraite), la poursuite de la RGPP (révision générale des politiques publiques) avec la fusion de certains services, la réforme de la mobilité ou celle de la retraite, le chef de l'Etat a voulu se montrer rassurant.

Sur la question de la mobilité, le président a dit : "la polémique qu'il y a eu (sur cette question) est effrayante de mauvaise foi".

"Aujourd'hui, quelqu'un dont le poste est supprimé n'a aucune protection. Ce que nous avons mis en place, c'est un système où il y aura trois propositions qui tiennent compte de votre famille, de l'endroit où vous habitez, de vos compétences. C'est beaucoup plus protecteur. Moi, je souhaite davantage de mobilité", a-t-il conclu.

Entre ses deux discours, Nicolas Sarkozy a eu l'occasion, fait inhabituel, de prendre un bain de foule d'une demi-heure. Grâce à un dispositif policier très allégé, une foule nombreuse s'est pressée à la rencontre du chef de l'Etat, pour lui parler et le photographier.

Le PS a qualifié la visite d'"exercice d'autosatisfaction" de Nicolas Sarkozy et réclamé une nouvelle fois "l'arrêt de la politique de non-remplacement d'un fonctionnaire sur deux".