Si certains ont vu leur situation financière s’améliorer à la faveur du confinement, à l’inverse un quart des ménages se sont appauvris. Et dans certains départements, ce chiffre est bien plus élevé.

Le confinement est une profonde source d’inégalités. On savait déjà qu’une partie des ménages, environ un quart, voit son épargne gonfler à vue d’œil. Selon la Banque de France, ce sont 110 milliards qui ont été accumulés en plus l’an dernier, et d’ici la fin de l’année, cette somme devrait atteindre les 165 milliards d’euros. A l’inverse, un quart des ménages se sont appauvris lors du premier confinement entre le 17 mars et le 11 mai 2020, selon une étude de l’Insee publiée cet automne.

Dans une nouvelle enquête diffusée ce jeudi, l’Insee revient sur ce constat en dressant un portrait des zones géographiques les plus touchées. Il en ressort que l’appauvrissement a été plus prononcé dans certains départements de l'Île-de-France, du Sud-Est, des Hauts-de-France mais aussi des Antilles. Cela concerne plus de 26% des habitants en Haute-Corse, Guadeloupe, Val-de-Marne, Seine-et-Marne, Alpes-Maritimes et Bouches-du-Rhône, contre 23% en moyenne nationale. « En Seine-Saint-Denis, 34% de la population subit une situation financière dégradée, soit la proportion la plus élevée de France », indique l’Insee. Un département touché dans le même temps par un nombre de décès important en raison de l’épidémie de Covid-19.

Carte Insee
Les conséquences financières du premier confinement selon les territoires (Carte Insee)

« Les différences entre départements quant à la dégradation de la situation financière de leurs habitants peuvent s’expliquer par la part des personnes ayant un faible niveau de vie. En effet, la situation financière se dégrade d'autant plus que le niveau de vie était faible avant le confinement. Ainsi, parmi les 10% de ménages les plus modestes, 35% ont perçu une dégradation de leur situation financière lors du premier confinement », explique l’Insee. En Seine-Saint-Denis, par exemple, 28,4% de la population vivait sous le seuil de pauvreté en 2018, deux fois plus que la moyenne nationale. Autre facteur qui peut expliquer les écarts entre les départements : un tissu productif local davantage tourné vers des activités à l’arrêt pendant le confinement, comme le tourisme dans les Alpes ou les Antilles.

Des territoires plus préservés

À l’inverse, la situation financière des personnes vivant en Bretagne, dans les Pays-de-la-Loire, en Bourgogne-Franche-Comté mais aussi en Nouvelle-Aquitaine et dans les départements auvergnats, a été globalement moins touchée (moins de 22%). Dans les départements comme les Deux-Sèvres, l’Aveyron ou l’Ille-et-Vilaine, seuls 18% des habitants sont concernés et même encore moins dans l’Orne et le Finistère (au plus 17%). Selon l’Insee, si ces territoires ont été relativement préservés, c’est qu’ils comptent notamment plus de retraités. Alors qu’ils sont en moyenne 27% en France, ils dépassent les 34% de la population dans les Côtes-d’Armor par exemple.

Or, les retraités n’ont pas vu leurs pensions impactées par le confinement contrairement à des millions de salariés placés, rapidement après l'annonce du premier confinement, en chômage partiel et dont le revenu correspondait alors à au moins 84% de leur salaire net (plus si une convention collective le prévoyait et 100% pour les salariés payés au smic). La situation a été plus délicate encore, malgré les aides déployées, pour les indépendants, les artisans et les commerçants touchés par la chute de l’activité.

Concernant l’outre-mer, les résultats sont contrastés. « En Guadeloupe et Martinique, davantage de personnes déclarent une dégradation de la situation financière de leur ménage qu’en moyenne nationale (28% et 25%). La Guadeloupe est le troisième département le plus concerné après la Seine-Saint-Denis et la Haute-Corse. En revanche, les Réunionnais ont plus rarement déclaré une dégradation de leur situation financière (21%) », note l’Insee.