L'année 2021 est celle du retour de l'inflation et de l'envolée des prix de l'énergie. Mais tous les Français n'en paient pas le même prix ! Les habitants des zones rurales enregistrent des dépenses énergétiques beaucoup plus importantes que les citadins, selon une étude de l'Insee, notamment à cause du carburant. Une tendance de fond, amplifiée par la récente crise de l'énergie.

100 euros, et alors ? La note de conjoncture de l'Insee publiée ce mardi 14 décembre risque de faire relativiser l'effet à moyen et long terme de l'indemnité inflation de 100 euros, versée à des millions de Français cet hiver. Non pas que la somme soit dérisoire mais plutôt parce que la crise automnale de l'énergie - gaz, électricité et carburant - appuie là où ça fait mal : l'actuel pic de dépenses énergétiques s'inscrit en effet dans une tendance générale déjà délicate. Trois ans après les manifestations des gilets jaunes, la problématique du coût de la vie reste pregnant en France et principalement en zone rurale et dans les villes moyennes.

Electricité : pourquoi 2022 risque de vous coûter très cher

40 euros en plus, chaque mois !

Dans son étude, l'Insee écrit que « les prix à la consommation du gaz, des carburants et dans une moindre mesure de l'électricité ont fortement augmenté entre décembre 2020 et octobre 2021, de l'ordre de 41%, 21% et 3% respectivement ». En France, « la hausse des prix depuis le début de l'année a conduit en octobre 2021 à un surcroît des dépenses mensuelles d'énergie d'un peu plus de 40 euros en moyenne par ménage, dont 20 euros pour les carburants. »

Mais attention, la crise sanitaire et les confinements faussent les analyses. Le surcoût varie fortement selon le mois choisi pour comparer. Les coûts évoqués ci-dessus s'entendent sur l'année 2021, en comparant par rapport à la fin décembre 2020. Néanmoins, fin 2020, les prix des carburants étaient relativement bas, du fait de la crise sanitaire. « En comparant à novembre 2019, avant la crise donc, le surcoût est moindre », constate l'Insee. Mais loin d'être négligeable pour autant : une surcoût « environ 30 euros en octobre 2021 [par rapport à novembre 2019], dont 8 euros du fait des prix des carburants ».

Flambée des prix : un budget très variable selon les ménages

Et comme souvent face aux problématiques de budget, des disparités sociales et géographiques importantes existent. Tout d'abord, même s'ils ont plus de marge pour absorber ce surcoût, ce sont les ménages les plus aisés qui paient la facture la plus élevée selon l'Insee : « Si les prix de l'énergie étaient restés à leur niveau de novembre 2019, un ménage à bas revenu [premier décile, c'est-à-dire les 10% de la population les plus modestes, NDLR] aurait dépensé près de 19 euros de moins en octobre 2021, contre près de 45 euros pour un ménage du dernier décile de revenu [les 10% les plus aisés, NDLR]. »

Paris, grandes villes, zone rurale : quel surcoût énergétique mensuel ?

Mais ce sont les disparités géographiques qui restent plus plus marquées. Ainsi le budget annuel consacré aux carburants par un ménage atteint une moyenne de 650 euros en région parisienne, selon l'Insee en 2017. Or, ce montant atteint 1 550 euros par an pour un ménage habitant dans une zone rurale. Sur cette base, l'Insee chiffre le surcoût en carburant - suite à la hausse des prix - à 5 euros pour un ménages vivant en région parisienne, et à 12 euros par mois pour un foyer en commune rurale.

Hausse de la facture énergétique depuis novembre 2019 selon la zone géographique

Surcoût energie insee
Source Insee : « L'effet prix [en rouge, orange ou jaune, NDLR] traduit le surcroît des dépenses d'énergie (...) en fonction des seules évolutions des prix de l'énergie. L'effet volume [en bleu] traduit le surcroît des dépenses d'énergie résultant des seules évolutions des volumes de consommation d'énergie. »

Le graphique ci-dessus détaille ce surcoût énergétique, en deux ans seulement. En moyenne, à cause de la hausse des prix, le ménage vivant en zone rurale paie chaque mois 12 euros de plus en carburant, 10 euros de plus en gaz, 7 euros de plus en électricité et 4 euros de plus en fioul. Soit 33 euros de surcoût uniquement dû à la hausse des prix (et 10 euros de plus liés à l'évolution de la consommation énergétique), contre 30 euros de surcoût en moyenne au niveau national.

En Ile-de-France, c'est avant tout la hausse du prix du gaz qui a fait grimper la facture : +17 euros chaque mois ! Au total, le surcoût de l'envolée des prix de l'énergie est de 27 euros pour un ménage parisien ou francilien, par rapport à novembre 2019, contre 30 euros de surcoût mensuel en moyenne au niveau national sur cette même période.

Ainsi, dans les données présentées par l'Insee, l'écart entre Paris et les villages reste mesuré pour l'électricité comme pour le gaz. A l'inverse l'usage du fioul et du carburant de façon plus importante explique que les écarts se soient creusés lors de la crise. Et ce, que l'on parle en prix, ou en quantité consommée.

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