En 2021, selon l'Insee, les inégalités salariales selon le genre restent une réalité : +4%, à poste et temps de travail équivalent, en faveur des hommes. Dans les faits, l'écart de rémunération nette effective est beaucoup plus important, de l'ordre de 25%, en raison des différences de volume de travail salarié et de type de poste occupé.

4% : si l'on s'en tient à la simple arithmétique, voici l'écart qui reste à combler pour parvenir à un réelle égalité en matière de rémunération. 4%, c'est en effet, en 2021, l'écart de salaire à équivalent temps plein entre les femmes et les hommes, dans le secteur privé, à même profession exercée pour le même employeur, selon les chiffres actualisés et publiés ce mardi par l'Insee (1).

L'arithmétique, toutefois, ne fait pas tout. Car, dans le monde réel, les inégalités femmes - hommes se creusent en raison de deux facteurs : le volume de travail et le type d'emploi occupé.

Le poids des enfants

C'est un tendance de fond : les taux d'activité (c'est-à-dire la part des adultes considérés comme actifs) se rapprochent de plus en plus. En 2021, 70% des femmes en âge de travailler étaient actives, contre 76% des hommes. Ils étaient, respectivement, de 55% contre 84% en 1975. Pourtant, les différences de rémunérations nettes effectives selon les genres restent colossales : 18 630 euros annuels, en moyenne, pour les femmes, contre 24 640 euros pour les hommes. Soit un écart de 24,4%.

Une différence qui s'explique par un premier facteur d'inégalité : le volume de travail salarié. En moyenne, en 2021, celui des femmes est inférieur de 10,6% à celui des hommes. Un écart qui augmente selon le nombre d'enfants à charge. Le taux d'activité des femmes sans enfant entre 25 et 49 ans (88,2%) est, en effet, très proche de celui des hommes sans enfant (88,9%). L'écart se creuse dès l'arrivée du premier enfant et ne cesse de grandir à mesure que la famille s'agrandit : 94% des pères de 3 enfant ou plus ont une activité salariée, contre 67% des mères.

Le constat est le même pour le recours au temps partiel. Sans enfant, les femmes travaillent déjà beaucoup plus souvent à temps partiel : 24,6%, contre 8,7% pour les hommes. Avec 3 enfants ou plus, le chiffre féminin monte à 40,6%, celui des hommes tombe à 6,9%.

Plus diplômées, moins souvent cadres

Les différences de volume de travail, pourtant, ne font pas tout. Car même en neutralisant son effet, les inégalités salariales demeurent, dans des proportions importantes : +15,5% en faveur des hommes, pour un équivalent temps plein. Certes, ce chiffre tend à baisser, de l'ordre de 7 points depuis les années 1990. Mais il demeure très élevé.

Pourquoi ? Parce qu'un autre facteur entre en jeu : le type d'emploi occupé. Les femmes, en effet, sont surreprésentées parmi les postes à petit salaire : 55% des salariés autour de 1 300 euros nets en 2021, alors qu'elles ne représentent que 41,5% des emplois dans le secteur privé. A l'inverse, elles sont sous-représentées parmi les cadres dirigeants (26%). Un paradoxe : elles sont, en effet, plus nombreuses que les hommes (55% contre 45%) à disposer d'un diplôme de l'enseignement supérieur.

(1) « Dans le secteur privé, l'écart de salaire entre femmes et hommes est d'environ 4% à temps de travail et à postes comparables en 2021 », Insee Focus, mars 2023