Emmanuel Macron est arrivé aux aurores mardi au marché d'intérêt national de Rungis, pour sa première sortie au contact direct des Français depuis le lancement au début de l'année de sa réforme très contestée des retraites.

Le chef de l'Etat a débuté cette visite rituelle du plus grand marché de produits frais du monde vers 5h30, accompagné du ministre de l'Agriculture Marc Fesneau et de la ministre déléguée aux PME Olivia Grégoire. Avant d'effectuer une autre figure imposée de la politique samedi, avec une longue déambulation annoncée au Salon de l'agriculture, M. Macron sort du bois dans un contexte politique et social électrique.

Entre les étals de grossistes en volaille, triperie ou professionnels de découpe du veau où il est attendu, le président pourrait répondre à des interpellations sur sa réforme des retraites. Ce projet phare de son second quinquennat qui prévoit un report de 62 à 64 ans de l'âge de départ à la retraite suscite l'hostilité dans la rue comme au Parlement.

Mettre en avant la « valeur travail »

Depuis le lancement de la réforme, Emmanuel Macron ne s'est quasiment pas exposé, hormis quelques déplacements à l'étranger, durant lesquels il a délivré de sobres et laconiques messages sur cette réforme, ou réunions très cadrées.

Ce déplacement au sud de Paris, auprès de « professionnels qui travaillent dès l'aube » est aussi l'occasion de mettre au centre de sa communication la valeur « travail », décrite comme un fil conducteur de son action. Le clin d'œil est clair à « la France qui se lève tôt », leitmotiv de Nicolas Sarkozy lors de sa campagne présidentielle victorieuse de 2007, également repris depuis par l'extrême droite.

Le camp présidentiel s'en était emparé par la voix du ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin pour justifier l'effort demandé aux Français pour équilibrer le système des retraites. « Oui, il faut se lever tôt pour aller travailler », avait-il déclaré fin janvier.

A la recherche d'une sortie par le haut des tensions autour des retraites, l'exécutif esquisse aussi un futur débat sur le rapport au travail. « Au-delà de la question de la durée de la vie professionnelle, il faut améliorer la qualité de vie au travail et trouver les conditions du bon emploi », a ainsi fait valoir lundi la Première ministre Elisabeth Borne.