Les 25 milliards d'euros doivent être injectés par étapes sur les dix prochaines années : 400 millions en 2021, 800 millions en 2022 puis 1,2 milliard en 2023... Avec l'objectif, en 2030, d'un budget annuel de 20 milliards d'euros par an, soit 5 milliards de plus qu'actuellement.

Le projet de loi sur la recherche, qui prévoit un investissement financier inédit pour soutenir le système français mais fait l'objet d'une vive contestation, a été adopté mercredi en Conseil des ministres en vue d'un débat au Parlement en septembre. Maintes fois repoussé depuis son lancement par Edouard Philippe en février 2019, le projet de loi de programmation pluriannuelle de la recherche (LPPR) promet de réinjecter 25 milliards d'euros dans la recherche publique sur les dix prochaines années, pour redonner du souffle à un système fragilisé par un déficit chronique d'investissement, comme l'explique son exposé des motifs.

« Jamais depuis la fin de la Deuxième Guerre mondiale un gouvernement n'a réalisé un tel investissement dans la recherche », a fait valoir la ministre de la Recherche, Frédérique Vidal, lors d'un point presse à l'issue du Conseil des ministres.

Les 25 milliards d'euros doivent être injectés par étapes sur les dix prochaines années : 400 millions en 2021, 800 millions en 2022 puis 1,2 milliard en 2023... Avec l'objectif, en 2030, d'un budget annuel de 20 milliards d'euros par an, soit 5 milliards de plus qu'actuellement.

Les opposants dénoncent une réforme en « trompe l'œil » qui fait peser l'essentiel des efforts sur les quinquennats suivants.

L'objectif de cet investissement est que le budget de la recherche publique atteigne 1% du PIB (contre 0,7% actuellement), niveau auquel le pays s'est engagé il y a 20 ans, afin de remettre la France sur les rails de la compétition scientifique mondiale.

Les financements seront principalement concentrés sur la recherche par appels à projets, via le renflouement de l'Agence nationale pour la recherche (ANR) à hauteur d'un milliard d'euros.

Le volet social du projet prévoit une revalorisation importante des carrières des chercheurs, ainsi que la création de voies de recrutements parallèles, pour rendre le système plus attractif.

La LPPR a déclenché une vague de protestation sans précédent dans le monde universitaire et scientifique, où syndicats et collectifs ont multiplié depuis janvier les actions (rassemblements, pétitions, démissions de jurys, journées « facs mortes »...), et envoyé plusieurs milliers de personnes dans la rue en mars pour demander le retrait d'un projet jugé « inique ».

Ils craignent l'avènement d'une recherche « sélective » et « compétitive » ainsi qu'une « explosion de la précarité » au sein de la profession.

Plusieurs instances consultatives ont aussi émis des avis critiques, dont le Conseil économique, social et environnemental (Cese), qui a fustigé un manque d'ambition.