Face à la multiplication des escroqueries liées à la pandémie de Covid-19, Tracfin, la cellule anti-fraude du ministère de l’Economie, vient de mettre à jour ses consignes de vigilance.

Tracfin, pour « Traitement du renseignement et action contre les circuits financiers clandestins ». Créée en 1990, la cellule de renseignement financier rattachée au ministère de l’Economie et des Finances a pour mission de lutter contre le blanchiment d’argent et la fraude fiscale. Et il semble que la pandémie de Covid-19 lui a donné un surcroît de travail, suffisamment en tout cas pour qu’elle juge bon de communiquer à destination des professions qui ont l’obligation de lui signaler les opérations suspectes : les banquiers en premier lieu, mais aussi les assurances, les notaires, les agents immobiliers, etc.

Dans un document publié cette semaine, la cellule anti-fraude a ainsi listé une série de nouvelles fraudes liées à la crise du coronavirus. Objectif : permettre à ces professionnels « de préciser les critères d’alerte à mettre en place dans leur cartographie des risques ».

Des escroqueries liées au commerce de matériel sanitaire

Mal anticipée en France, la pandémie de Covid-19 a entraîné quasi-immédiatement une pénurie de matériel sanitaire pourtant indispensable : des masques, du gel hydro-alcoolique, des respirateurs qui ont manqué pendant des semaines aux hôpitaux, aux pharmacies, aux entreprises restées ouvertes, etc. Un contexte exploité par les escrocs. « Leur mode opératoire consiste à se faire passer, auprès des clients, pour des fabricants et fournisseurs de matériel sanitaire », explique Tracfin. « Une fois transmis par les acheteurs, les fonds sont rapidement transférés au profit des comptes personnels des fraudeurs sous couvert de fausses factures et les produits commandés ne sont jamais livrés. »

Pour mieux repérer ces arnaques, la cellule anti-fraude appelle notamment les professionnels à se méfier des « sociétés de création récentes ou réactivées récemment », ou de celles qui ont effectué des « modifications d’objet social en mars-avril 2020, permettant le commerce de matériel sanitaire ». Vigilance également sur la qualité des sites internet et des documents (bons de commande, factures, etc.) présentés par ces entités.

Des techniques communes adaptées au contexte

Les pénuries de matériel sanitaire ont également permis aux fraudeurs d’adapter au contexte des « escroqueries communément rencontrées », rapporte Tracfin. C’est le cas, par exemple, des faux ordres de virement. Une arnaque qui consiste à s’interposer « dans les commandes passées entre des fournisseurs de matériel sanitaire (…) et leurs clients ». Certains escrocs n’ont pas hésité, également, à se faire passer pour des administrations publiques pour organiser de faux appels aux dons sur des fonds de solidarité fictifs.

Tracfin, enfin, a repéré des cas de détournement du « prêt garanti par l’Etat » (PGE), ce dispositif qui a permis aux entreprises touchées par la crise de maintenir leur trésorerie à flot. « Certaines sociétés essaient de bénéficier indûment de ce dispositif pour solliciter un PGE malgré une situation économique et financière stable ou ne les rendant pas éligibles au dispositif », déplore la cellule anti-fraude.