Le Parlement a adopté définitivement dans la nuit de mardi à mercredi, par un ultime vote du Sénat, le projet de loi de finance rectificative (PLFR) pour 2019, révisé après le rétablissement de crédits du patrimoine, mais toujours critiqué par les oppositions.

Le texte a été voté par les sénateurs par 251 voix contre 87. Il avait fait l'objet d'un accord en commission mixte paritaire entre l'Assemblée et le Sénat, conduisant notamment à dégeler 21 millions d'euros de crédits de paiement en faveur du patrimoine, comme le réclamait l'animateur Stéphane Bern. Ce type d'accord budgétaire entre les deux chambres est une « réussite notable, un événement rare », qui n'était plus arrivé depuis 2010, a salué le secrétaire d'Etat Olivier Dussopt, alors même que la majorité au Sénat, à droite, diffère de celle de l'Assemblée, dominée par LREM.

Députés et sénateurs se sont félicités de ce consensus, qui rétablit par ailleurs 13 millions d'euros de crédits de la mission « Recherche et enseignement supérieur », pour la contribution française au projet de réacteur thermonucléaire expérimental international ITER.

Un budget critiqué par l'opposition

Dans ce PLFR, le déficit public s'établit à 3,1% du PIB, contre 3,2% initialement prévus, dont 0,9% lié à la conversion du CICE en baisse de charges pour les entreprises. Des dépenses augmentent - comme la prime d'activité de 800 millions d'euros ou la prime à la conversion automobile de 300 millions - mais les taux bas ont réduit la charge de la dette et le recouvrement de l'impôt a été meilleur qu'escompté.

La droite des deux chambres, à l'image du sénateur LR et rapporteur Albéric de Montgolfier, a toutefois reproché au gouvernement de « renoncer à redresser les comptes publics », avec ce déficit. Le sénateur socialiste Patrick Kanner a de son côté accusé l'exécutif de « fragiliser les plus faibles » en dénonçant la suppression de 35 millions de crédits pour la vie étudiante, non consommés. « Vos budgets se succèdent et ne répondent ni à l'urgence sociale ni à l'urgence écologique », avait aussi critiqué Eric Coquerel (LFI) à l'Assemblée.

La majorité a pour sa part vanté un exercice « sincère et prudent », puisque comme l'an dernier, il n'y aura pas besoin de recourir à un décret d'avance, qui permettait aux gouvernements antérieurs d'ouvrir des crédits en urgence. De nombreux parlementaires ont par ailleurs critiqué le manque de temps pour examiner ce projet de loi de finances rectificative.