Le projet de loi de finances 2020 dévoilé jeudi par le gouvernement est un « acte politique » qui répond à la « crise sociale » qu'a connue la France ces derniers mois, a défendu le ministre de l'Economie et des Finances Bruno Le Maire.

La crise des « gilets jaunes » ainsi que le ralentissement de la croissance mondiale « nous amènent à prendre des décisions qui favorisent l'investissement et la consommation » et « à tenir compte des attentes des Français », a affirmé le ministre lors d'une conférence de presse. Ce projet de budget, qui doit officiellement être présenté en conseil des ministres vendredi, prévoit notamment plus de 9 milliards d'euros de baisses d'impôts pour les ménages, ainsi qu'1 milliard d'euros de moindres prélèvements sur les entreprises, selon Bercy.

Parmi ces réductions d'impôts figurent la baisse de 5 milliards d'euros d'impôt sur le revenu pour les ménages promise par le président de la République Emmanuel Macron, ainsi que la poursuite de la suppression de la taxe d'habitation, censées soutenir le pouvoir d'achat des Français, une des principales revendications des « gilets jaunes ».

Allègements de charges pour les entreprises

Du côté des entreprises, le gouvernement va poursuivre les allègements de charges et la réduction de l'impôt sur les sociétés, même si c'est à un rythme plus lent que prévu.

Mais ces mesures interviennent dans un climat macroéconomique dégradé par le ralentissement de l'économie mondiale et les incertitudes liées aux tensions commerciales et au Brexit, qui ont conduit le gouvernement à tabler sur un recul de la croissance économique en 2020 à 1,3% (après 1,4% attendu cette année).

Conséquence : le déficit va bien baisser l'an prochain, après le pic atteint cette année (3,1%), mais il se situera à 2,2% du PIB, contre 2% initialement prévu par le gouvernement. Surtout, le déficit structurel (hors éléments exceptionnels et évolution de la conjoncture) restera stable, et la dette publique va à peine baisser à 98,7% du PIB, après un bond à 98,8% cette année.

Construire « un budget en fonction de priorités économiques »

Mais Bruno Le Maire a défendu les choix du gouvernement : « vous ne faites pas un budget au milieu de nulle part (...) Vous faites un budget en fonction de priorités économiques et d'une situation économique et sociale », a-t-il insisté. Il a aussi assuré que le rétablissement des finances publiques restait la « ligne stratégique » du gouvernement, rappelant que malgré cette stabilisation du déficit structurel, la France était toujours « dans les clous » des règles européennes (qui fixent un maximum de 3% de déficit public).

Il a aussi noté que la France allait voir son taux de dépense publique baisser l'an prochain, et au total de 2,3 points de pourcentage environ d'ici la fin du quinquennat. « Donc le rétablissement de nos finances publiques est engagé. Il donne des résultats », a-t-il soutenu, répondant aux critiques de l'opposition de droite et du patronat.