Dans un contexte d'incertitudes multiples et de bonnes nouvelles rares, les marchés européens regarderont avec fébrilité vers le G20 les prochains jours, dans l'espoir d'une trêve de la guerre commerciale sino-américaine pour finir l'année en beauté.

Le point culminant du sommet qui se déroule en Argentine sera la rencontre entre le président américain Donald Trump et son homologue chinois Xi Jinping, en marge des réunions officielles. « Les investisseurs espèrent un cessez-le-feu » dans le processus de taxes douanières et que « les deux responsables puissent avoir une discussion prolongée » sur « un cadre global de remise à plat de leurs relations bilatérales », estime auprès de l'AFP Isabelle Mateos y Lago, directrice générale au BlackRock Investment Institute.

« Compte-tenu de l'état des marchés, auquel l'administration américaine est très sensible, elle pourrait avoir le désir de rassurer », ajoute-t-elle, mais à l'inverse, « s'ils ne se mettent d'accord sur rien, il y a un risque de déception et de correction des marchés ». « C'est vraiment la façon dont les deux présidents vont échanger et discuter qui va être déterminante », juge également Isabelle Enos, conseillère en investissement financier chez BNP Paribas Banque Privée. « Les marchés sont encore dans cet équilibre instable entre des fondamentaux économiques toujours sains et de nombreux risques géopolitiques notamment sur les questions commerciales » ce qui les rend « nerveux », analyse Mme Mateos.

Car au conflit commercial, s'ajoutent nombre de préoccupations, comme l'aboutissement des négociations sur le Brexit et les débats autour du budget italien qui ont animé l'actualité de cette semaine en partie attentiste, en raison de la fermeture de Wall Street pour la fête de Thanksgiving. « Les discussions sont entrées dans une nouvelle phase des deux côtés, mais de nombreuses réponses font toujours défaut et le chemin s'annonce encore long dans les deux cas », résume Mme Enos.

Impact du Brexit

Côté Brexit, un accord de retrait et une déclaration politique sur la future relation entre l'UE et le Royaume-Uni pourraient être validés ce week-end à Bruxelles. En cas d'avancée positive, la livre pourrait grimper mais l'impact sur la Bourse de Londres pourrait alors être en partie négatif, car de nombreux grands groupes britanniques seraient négativement impactés par une monnaie plus forte qui réduiraient leurs profits dégagés à l'étranger.

Les opérateurs prendront aussi connaissance mercredi des résultats des tests de résistance des banques britanniques à l'impact que pourrait avoir tel ou tel scénario de sortie de l'UE sur le secteur financier au Royaume-Uni. Concernant l'Italie, le bras de fer est officiel. Bruxelles a en effet de nouveau rejeté mercredi le projet de budget pour 2019 de la coalition populiste, ouvrant la voie à de possibles sanctions financières. Et le gouvernement italien a réaffirmé sa volonté de maintenir sa copie en l'état. Ces deux dossiers resteront donc au cœur de l'attention la semaine prochaine, d'autant que l'agenda des indicateurs n'est pas très étoffé.

Vers une pause monétaire ?

Les investisseurs auront toutefois matière à réflexion avec les chiffres de ventes des deux journées de grandes promotions que sont le « Black Friday » et le « Cyber Monday ». « La lecture de ces données montrera en particulier l'état d'esprit du consommateur américain et sa confiance dans l'environnement économique actuel », note Mme Enos. Car les investisseurs sont en quête de perspectives. « La seule certitude actuellement, c'est qu'ils sont très fébriles », développe-t-elle.

Dans cette configuration, selon elle « une réflexion commence d'ailleurs à émerger autour des banques centrales et le fait qu'elles pourraient en tenir compte et prendre un peu plus de temps pour durcir leur politique monétaire ». Mais jusqu'ici, pas plus la Fed que la BCE ne semble décidée à lâcher du lest. « L'aspect positif, relève Mme Mateos, est que comme cette morosité et les mauvaises nouvelles se reflètent déjà largement dans les prix actuels des actifs, il suffirait que quelques éléments évoluent positivement pour redonner le moral aux investisseurs ». Selon elle, « un signe allant dans le sens d'une pause de la Fed ou une désescalade entre la Chine et les États-Unis en Argentine pourrait ainsi permettre de finir l'année positivement ».