Benoit Coeuré, membre du directoire de la Banque centrale européenne (BCE), a dit voir « une chance raisonnable » d'arrêter à l'automne 2018 le programme d'achat massif de dettes visant à stimuler l'économie et l'inflation, dans un entretien publié samedi.

« Etant donné ce que nous voyons au niveau économique, je crois qu'il existe une chance raisonnable que l'extension de notre programme d'achat d'actifs décidée en octobre puisse être la dernière », a déclaré M. Coeuré, lors d'une interview avec le groupe de médias chinois Caixin Global. « Nous avons définitivement laissé la crise derrière nous. L'Europe est de retour ! », a-t-il déclaré.

L'institution avait décidé en octobre de poursuivre jusqu'à septembre de l'an prochain son programme d'assouplissement quantitatif (« QE ») entamé en 2015, à l'époque où la zone euro était menacée de déflation, cette spirale à la baisse des prix qui freine durablement toute l'économie. Confortée par la reprise économique et malgré une inflation toujours trop timorée à son goût, elle avait néanmoins divisé par deux à 30 milliards d'euros le montant de ses achats mensuels de dette publique et privée, estimant que la force de l'économie allait finir par tirer les prix à la hausse.

Tout dépend de l'inflation

« Le conseil des gouverneurs a également clairement indiqué que le programme peut rester en œuvre pour plus longtemps, si l'inflation venait à décevoir en baissant », a précisé Benoit Coeuré selon le texte de l'entretien diffusé par la BCE. « Nous avons de la flexibilité dans les deux sens », a-t-il ajouté.

Malgré les quelque 2 300 milliards d'euros déversés sur les marchés depuis mars 2015, l'inflation reste sous l'objectif d'un peu de moins de 2% que s'est fixé l'institution. Cette situation atypique, mêlant reprise avérée et inflation en berne, complique la sortie du programme de « QE ». A la mi-décembre, la BCE avait d'ailleurs annoncé ne pas s'attendre à un retour de l'inflation dans les clous dans les trois années à venir.