La baisse des dépenses publiques en France peut avoir un impact négatif à court terme sur l'économie, mais n'est pas incompatible avec une reprise de la croissance si elle bien ciblée, souligne une étude publiée jeudi par le Conseil d'analyse économique (CAE).

« Le bon niveau des dépenses publiques est très largement dicté par les contraintes en matière de prélèvements obligatoires, d'équilibre budgétaire et de dette », souligne le CAE, organisme de conseil indépendant placé auprès de Matignon, dans cette note publiée en plein débat sur le déficit public français.

Le Premier ministre Edouard Philippe a annoncé mardi une stabilisation de la dépense publique en volume en 2018, ainsi qu'une baisse de son poids rapporté au produit intérieur brut (PIB) de l'ordre de trois points d'ici 2022, disant vouloir lutter « contre l'addiction à la dépense publique ». Ces annonces, effectuées cinq jours après un audit alarmiste de la Cour des comptes, qui a promis un dérapage du déficit public à 3,2% du PIB en 2018 en l'absence de « mesures fortes de redressement », a suscité des craintes quant à l'effet que ce serrage de vis pourrait avoir sur la croissance.

« Un impact négatif sur l'activité à court terme »

« Certes, une réduction des dépenses publiques peut avoir un impact négatif sur l'activité à court terme, car la baisse de la dépense publique n'est pas automatiquement compensée par une hausse de la dépense privée », reconnaît le CAE dans sa note. « Toutefois, l'effet diffère fortement selon le type de dépense visé et la manière dont le programme est piloté », ajoute le CAE, pour qui « une baisse ambitieuse des dépenses publiques est compatible avec une reprise de la croissance si elle est sélective, structurelle et accompagnée d'un programme temporaire d'investissement ».

« Les expériences étrangères ont montré l'utilité de la mise en place d'une revue rapide des politiques publiques », afin de « redéfinir le périmètre des dépenses », soulignent les auteurs de l'étude, parmi lesquels Xavier Ragot, président de l'OFCE, « think tank » classé à gauche. « Aucun secteur d'intervention ne doit échapper à cette remise à plat », ajoutent les auteurs, qui évoquent quelques pistes possibles d'économies, notamment concernant les aides au logement et la formation professionnelle, dont la gouvernance est jugée « très complexe et coûteuse ».

La dépense publique française, en hausse depuis depuis plus de 30 ans, a atteint selon l'Insee 57% du PIB en 2015, soit près de 10 points de plus que la moyenne des pays de l'OCDE (48,5%). « Seuls deux pays scandinaves, le Danemark et la Finlande, dépensent autant », souligne le CAE.