Nicolas Sarkozy a prononcé hier à Toulon un discours très attendu sur sa politique économique. Le président a notamment déclaré que l'Etat garantirait « la sécurité et la continuité » du système bancaire et financier français s'il était menacé par la crise internationale. Les leaders socialistes et plusieurs économistes lui reprochent de ne pas prendre ses responsabilités et de ne pas proposer de mesures concrètes. La CGPME, qui s'est pourtant dite satisfaite par le discours, attend aussi plus d'action.

« Dire la vérité aux Français, c'est leur dire que la crise actuelle aura des conséquences dans les mois qui viennent sur la croissance, sur le chômage, sur le pouvoir d'achat », a déclaré Nicolas Sarkozy hier à Toulon.

« Dans la situation où se trouve l'économie, je ne conduirai pas une politique d'austérité parce que l'austérité aggraverait la récession. Je n'accepterai donc pas des hausses d'impôts et des taxes qui réduiraient le pouvoir d'achat des Français car notre objectif c'est de leur rendre du pouvoir d'achat et non de leur en prendre », a-t-il poursuivi.

« C'est un engagement solennel que je prends ce soir. Quoi qu'il arrive, l'Etat garantira la sécurité et la continuité du système bancaire et financier français », a ajouté le chef de l'Etat.

"Les responsabilités doivent être recherchées et les responsables de ce naufrage sanctionnés au moins financièrement. L'impunité serait immorale, a-t-il poursuivi. On ne peut pas se contenter de faire payer les actionnaires, les clients et les salariés les plus modestes en exonérant les principaux responsables".

Pour les socialistes, le président fuit ses responsabilités

A gauche, les principaux leaders reprochent au président de fuir ses responsabilités. Pour le premier secrétaire du PS, François Hollande, «Nicolas Sarkozy cherche toujours des responsables, des coupables il veut des sanctions mais le premier responsable, le premier coupable et celui qui normalement devrait être sanctionné c'est celui qui, à la tête du pays, n'a pas su anticiper, a laissé filer les déficits, n'a pas réagi par rapport à l'affaiblissement de la croissance ».

Ségolène Royal, de son cote dénonce un "écart entre les discours et les actes" qui devient "insupportable", alors que Bertrand Delanoë remet en cause la politique menée par le chef de l'état depuis le début de son quinquennat : « son appel à la +refondation du capitalisme+, sa remise en cause de la +toute puissance du marché+ sonnent comme autant de critiques implacables de la politique qu'il a menée depuis mai 2007 », a dénoncé le candidat à la direction du PS.

Enfin pour Laurent Fabius, l'intervention de Nicolas Sarkozy n’est que le reflet de ses contradictions : « discours de gauche mais action de droite, comme souvent. On ne peut dire d'un côté: il faut davantage de régulation et d'Etat et de l'autre supprimer des dizaines de milliers d'emplois publics ».

Pas de mesures concrètes

Beaucoup d'observateurs regrettent qu'aucune reforme concrète n'ait été prononcée. Pour Serge Maitre, porte parole de l'Association française des usagers de banque (Afub) « le chef de l'Etat a fait un diagnostic réaliste, mais en matière bancaire, on ne nous a posé que des prémisses,» a-t-il regretté.

Selon l'économiste Marc Touati de Global Equities, « c'est très imprécis. Il y a toujours cette recherche du bouc émissaire qui n'a pas de sens. C'est un peu facile de mettre tout sur le dos de la crise financière alors que le ralentissement de la croissance est là depuis un an. »

Seule la Confédération générale des petites et moyennes entreprises (CGPME) s'est déclarée « pleinement satisfaite » par le discours de Nicolas Sarkozy. « On est pleinement satisfait que l'on remette à l'honneur le capitalisme des entrepreneurs et on est rassuré par l'engagement de l'Etat à prendre des mesures pour éviter des restrictions des crédits aux PME », a indiqué à l'AFP le secrétaire général de l'organisation patronale, Jean-Eudes du Mesnil.

Il a par ailleurs ajouté attendre « que tout ça se traduise en mesures concrètes notamment sur l'absence de nouvelles charges pour les entreprises. On attend notamment que certaines taxes annoncées ces dernières semaines, comme celle sur l'épargne salariale, soit retirée. »