Selon une étude du cabinet KPMG publiée jeudi, les bénéfices des grosses banques européennes ont chuté de près d'un tiers en 2012, en raison d'éléments exceptionnels tels une lourde facture liée à des scandales, comme l'affaire du Libor, et des dépréciations d'actifs.

Les profits des quinze plus grands établissements européens se sont élevés à 41 milliards d'euros, contre 61 milliards en 2011 (-29%). Ils ont même été divisés par deux comparé à 2010 (84 milliards), précise ce document. Ils ont été rognés par des éléments exceptionnels, explique le cabinet d'études. Les grandes banques du Vieux Continent ont notamment payé au prix fort leur implication dans différents scandales. L'ardoise s'élève à 20,5 milliards d'euros, selon les calculs de KPMG, en raison d'un grand afflux de demandes d'indemnisation.

Libor, blanchiment, assurance-emprunteur : une ardoise de 20,5 milliards

L'affaire du Libor et de l'Euribor, qui a éclaté mi-2012 avec la mise en cause de la banque britannique Barclays, avant de s'étendre à de nombreux établissements à travers le monde, dont la suisse UBS, s'avère être la plus dommageable. Barclays (360 millions d'euros), Royal Bank of Scotland (600 millions de dollars) et UBS (1,5 milliard de dollars) ont payé le prix fort.

Le taux interbancaire Libor, fixé à Londres sur la base des taux communiqués par un panel de banques internationales, est l'un des taux auxquels les banques se prêtent entre elles et sert également de référence à de nombreux produits financiers. Or des enquêtes ont montré que les traders au sein des banques manipulaient les taux communiqués au panel afin d'en tirer des bénéfices sur leurs positions ou de faire apparaître leur banque plus solide.

Les grandes banques européennes ont aussi souffert de l'affaire des ventes forcées et abusives de produits d'assurance crédit (PPI) au Royaume-Uni, peut-on encore lire dans le document. Elles ont aussi dû payer de lourdes amendes, à l'instar de la britannique HSBC (1,92 milliard de dollars d'amende), pour mettre fin à des poursuites aux Etats-Unis contre des accusations de blanchiment d'argent au profit des trafiquants, de terroristes et de l'Iran.

Autre élément négatif : les gros établissements financiers européens ont dû passer des dépréciations d'actifs liés à des titres de participation et d'écarts d'acquisition, des cessions de filiales et d'actifs non stratégiques.

2013 débute mieux

« Si les banques ont poursuivi leur stratégie de transformation en 2012, elles restent contraintes par le poids des nombreux litiges issus de leurs comportements passés », a commenté Marie-Christine Jolys, associée chez KPMG et responsable du département Réglementaire Banque, citée dans le communiqué. Toutefois, fait-elle remarquer, la progression des résultats observée sur le premier trimestre 2013 laisse à penser que les banques commencent à mettre le poids de ce passé derrière elles, pour se concentrer sur la mise en œuvre de nouveaux plans stratégiques.

L'activité de banque d'investissement (fusions-acquisitions), très décriée par les politiques, a mieux résisté grâce à l'amélioration des conditions de marché notamment à l'intervention (politique gestes forts) des banques centrales qui ont inondé les marchés de liquidités. Les revenus sont repartis à la hausse (+6%) après un décrochage de 15% en 2011. Pour anticiper le renforcement des exigences en termes de capital et de liquidité - Bâle III - les banques ont augmenté leurs fonds propres d'environ 230 milliards d'euros depuis 2009, affichant désormais des niveaux au-dessus des minima requis.

L'étude concerne les britanniques Barclays, Lloyds Banking Group, HSBC, Royal Bank of Scotland et Standard Chartered; les françaises BNP Paribas et Société Générale; les espagnoles Santander et BBVA; les allemandes Deutsche Bank et Commerzbank; la suisse UBS; l'italienne Unicredit; la néerlandaise ING et la suédoise Nordea. Elle est fondée essentiellement sur leurs rapports annuels.