Dans une interview au Monde, Jean-Michel Six, chef économiste Europe de Standard & Poor's, l'agence de notation américaine qui menace de dégrader la note de quinze Etats de la zone euro, a averti que « l'état d'alerte reste très élevé » dans cette zone.

« A un degré divers, tous (les Etats de la zone) suscitent la défiance des grands investisseurs internationaux », a déclaré Jean-Michel Six, observant que « depuis juin, les marchés semblent se fermer (à leurs) besoins de refinancement. Six mois plus tard, l'état d'alerte reste très élevé ».

Selon le chef économiste Europe de Standard & Poor's, l'agence n'est pas un « Père Fouettard » mais a « voulu faire un geste fort pour souligner la gravité de la crise » en annonçant ses intentions à quelques jours d'un nouveau sommet de crise prévu cette fin de semaine à Bruxelles. « Nous faisons des analyses de fond et réagissons de façon très réfléchie ».

Harmonisation fiscale

Jean-Michel Six relève des « perspectives de croissance trop faibles pour modifier la trajectoire de la dette publique à moyen terme » dans la zone ainsi que « des banques européennes (qui) seront confrontées à des besoins de financement extérieur très importants début 2012 ». Cette situation, selon lui, pourrait « peser sur la dette publique si (ces banques) devaient faire appel à l’aide des Etats ». L'expert « constate » aussi « qu'aux Etats-Unis et au Royaume-Uni, les banques centrales font preuve de plus de flexibilité monétaire » que la Banque centrale européenne (BCE).

Sur la France, le seul pays menacé d'une dégradation de deux crans par S&P, Jean-Michel Six souligne « la dégradation de son commerce extérieur », les « besoins élevés » de refinancement des banques françaises dans les dix-huit mois ainsi que des prévisions de croissance autour de 2% sur la période 2013-2016 que S&P a « beaucoup de mal à rejoindre ». Son « message » à la zone euro: elle « ne pourra pas continuer à fonctionner efficacement sans une harmonisation accrue de la politique fiscale ».