Le ministre de l'Economie, François Baroin, a assuré lundi que « tout était fait pour protéger les économies des Français », après que Standard and Poor's a menacé d'abaisser la note de 15 pays de la zone euro, dont celle de la France de deux crans.

L'agence de notation financière Standard and Poor's a annoncé lundi soir avoir placé "sous surveillance négative" les notes de la dette à long terme de quinze pays de la zone euro, dont celles de l'Allemagne, de l'Autriche, de la Finlande, de la France, du Luxembourg et des Pays-Bas, six pays notés triple "A", la meilleure note possible. Elle a également prévenu que la note souveraine de la France pourrait être abaissée de deux crans.

Ces "mises sous surveillance sont motivées par notre conviction selon laquelle les tensions systémiques dans la zone euro ont augmenté ces dernières semaines jusqu'au point de faire pression à la baisse sur le degré de solvabilité de la zone euro dans son ensemble", a écrit l'agence. Lorsqu'une agence de notation place une note sous surveillance négative, cela signifie qu'elle juge supérieure à 50% la probabilité que celle-ci soit abaissée sous trois mois.

Indépendant du projet de traité selon Baroin

Cette mise sous surveillance intervient le jour où le président français Nicolas Sarkozy et la chancelière allemande Angela Merkel se sont accordés sur un "nouveau traité" européen, à 27 ou si besoin à 17, appelant à des "sanctions automatiques" envers les Etats membres de l'Union européenne qui laisseraient filer leurs déficits. Ces propositions seront sur la table des 2T en fin de semaine à Bruxelles à l'occasion d'un sommet européen.

François Baroin a assuré que la décision de Standard and Poor's ne tenait pas compte de cette "puissante" initiative franco-allemande. En réaction à l'annonce de l'agence de notation, Paris et Berlin, "pleinement solidaires", ont d'ailleurs confirmé "leur volonté de prendre toutes les décisions nécessaires" pour "assurer la stabilité de la zone euro", dans un communiqué commun publié lundi soir.

Le ministre de l'économie a toutefois reconnu que la zone euro n'allait "pas bien", et qu'il lui fallait absolument "restaurer la confiance" auprès des marchés. Il a toutefois assuré que la France était un "pays sérieux" ce que l'agence de notation reconnaissait.

Pas de soutien aux banques

"Tout est fait pour protéger les Français, les économies des Français, et elles seront protégées", a affirmé le ministre français, interrogée sur la chaîne de télévision France 3. Il a également assuré que l'Etat n'aurait pas besoin de participer à une augmentation du capital des banques françaises. "Tout est fait pour permettre aux banques de maintenir l'irrigation à l'activité économique. Elles le continueront. Il n'y aura pas besoin de participation publique à l'augmentation du capital des banques", a déclaré François Baroin.

La ministre du Budget, et porte-parole du gouvernement français, Valérie Pécresse, a de son côté indiqué que la décision de Standard and poor's exigeait des Européens une réponse "crédible" et "d'ensemble". "On peut le voir comme un encouragement à apporter une réponse très forte et à afficher une unité européenne sans faille" lors du sommet européen de jeudi et vendredi à Bruxelles.

Début août, Standard and Poor's avait déjà ébranlé la planète finances en abaissant la note attribuée à la dette publique des Etats-Unis, privés de leur "AAA" pour la première fois de leur histoire, citant les "risques politiques" face aux enjeux du déficit budgétaire.