Le Revenu de solidarité active (RSA), critiqué au sein de l'UMP, a donné lieu mercredi à un sévère échange entre le "père" du dispositif Martin Hirsch, qui a mis en garde contre des "entourloupes", et François Baroin qui l'a accusé de dire des "sottises".

L'ancien Haut-commissaire aux solidarités actives et à la jeunesse de François Fillon a ouvert le feu sur France Info en mettant en garde le parti majoritaire et ses ex-collègues du gouvernement contre toute « entourloupe » visant à modifier la structure de son « bébé », lancé en 2009. Il s'est notamment inquiété du sort réservé à la taxe destinée à financer le RSA et a accusé l'Etat d'utiliser « l'argent qui doit aller dans la poche des travailleurs modestes pour autre chose ».

« On a créé une taxe pour financer le RSA (...) elle rapporte 1,5 milliard et un milliard est mis de côté », a regretté l'ancien patron la Fondation Emmaüs en évoquant l'excédent du produit de cette taxe en 2010. « Cela me mettrait mal au coeur qu'on utilise l'argent des travailleurs modestes, celui de la taxe du RSA, pour alléger l'ISF ».

Hirsch n'est « pas propriétaire » du RSA

Interrogé sur ces déclarations à l'issue du Conseil des ministres, le porte-parole du gouvernement François Baroin a vivement réagi, reprochant à Martin Hirsch d'aligner « sottises » et « contre-vérités ». « Si M. Hirsch a une histoire personnelle et a été un acteur majeur de la mise en oeuvre de ce RSA, il n'en est pas propriétaire. Cela ne l'autorise pas à dire n'importe quoi, n'importe comment, dans n'importe quelle circonstance », a asséné le ministre du Budget, avant de rappeler Martin Hirsch, qui préside l'Agence du service civique, à « son obligation de réserve ».

Sur le fonds, François Baroin a rappelé que le Fonds national des solidarités actives (FNSA), destiné à financer le RSA activité (la partie du RSA qui constitue un complément des revenus d'activité), le RSA dans les départements d'outre-mer et le RSA jeunes, était bénéficiaire de « l'intégralité de la contribution additionnelle de 1,1% sur les placements du patrimoine ».

Le porte-parole du gouvernement a par ailleurs indiqué que le produit de cette taxe était « évalué à 1,170 milliard d'euros en 2011, 1,2 milliard en 2012 » et que les dépenses du FNSA étaient « évaluées à 1,8 milliard (d'euros) en 2011 et 1,9 milliard en 2012 ». Il n'a en revanche pas donné de chiffres pour 2010 ni confirmé un éventuel « excédent ». « Ca ne marche pas comme ça, il n'y a pas un fléchage », a insisté Baroin, « c'est vraiment une contre-vérité qui n'est pas acceptable ».

Critiques à l'UMP

Cette passe d'armes intervient avant l'intervention de Martin Hirsch mercredi après-midi devant une convention de l'UMP sur la justice sociale. « Son » RSA y fait l'objet de sévères critiques. Le secrétaire général de l'UMP, Jean-François Copé, préconise ainsi que certains bénéficiaires du RSA fassent cinq heures de travaux d'intérêt général rémunérés, en contrepartie du plein bénéfice de leur indemnité.

Le mois dernier, le ministre des Affaires européennes Laurent Wauquiez avait suscité une vive polémique en préconisant, précisément, d'imposer cinq heures hebdomadaires de service social aux bénéficiaires du RSA, qualifiant les « dérives de l'assistanat » de « cancer de la société française ».