Alors que Christine Lagarde, la ministre de l’Economie, est désormais mise en cause directement par le Parti socialiste, retour chronologique sur les derniers développements de l’affaire Tapie-Crédit Lyonnais.

Juillet 2008 – Après une quinzaine d’années de procédure, un tribunal arbitral privé, désigné pour statuer sur le différend opposant le Crédit Lyonnais et Bernard Tapie dans le cadre de la vente de l’équipementier sportif Adidas, condamne l’Etat à verser 285 millions d’euros d’indemnités à l’homme d’affaires, dont 45 millions au titre du seul préjudice moral. La décision fait polémique.

Septembre 2010 – Le Canard Enchaîné relance l'affaire en affirmant que Bernard Tapie empocherait définitivement 210 millions d’euros, alors que Christine Lagarde, la ministre de l’Economie, avait évoqué un gain compris entre 20 et 50 millions une fois déduits les impôts et les dettes diverses.

31 décembre 2010 – La cour administrative d’appel rejette le recours de deux contribuables et du député Nouveau Centre Charles de Courson contre l’arbitrage entre Tapie et le Crédit Lyonnais. Elle estime que l’accusation requise d’« excès de pouvoir » n’est pas recevable.

23 mars 2011 – Le Nouvel Observateur relance l’affaire en annonçant que la Cour des comptes a saisi la Cour de discipline budgétaire et financière, instance chargée de sanctionner les fautes lourdes commises par les agents de la fonction publique en matière financière. En cause, l’attitude de Jean-François Rocchi, président du consortium de réalisation (CDR), structure publique chargée de gérer le passif du Crédit Lyonnais.

Celui-ci est accusé d’avoir modifié le projet d’arbitrage après son passage devant le conseil d’administration du CDR, ouvrant ainsi la porte au versement d’indemnités pour préjudice moral à Bernard Tapie. Jean-François Rocchi dément.

31mars 2011 – Jérôme Cahuzac, président PS de la commission des finances de l’Assemblée nationale, confirme, dans l’avant-propos d’un rapport d’information sur l’Affaire Tapie, que le compromis d’arbitrage « a été signé dans une version différente du texte et des modifications qui ont été approuvés par le conseil d’administration du CDR. »

Selon lui, la mention « préjudice moral » aurait été ajoutée a posteriori, transformant le plafond de 50 millions d’euros prévu pour l’ensemble des demandes d’indemnisation de Bernard Tapie en plafond pour le seul préjudice moral. Jean-François Rocchi dément à nouveau.

2 avril 2011 – L’affaire prend définitivement un tour politique. François Bayrou, qui dès le 23 mars dénonçait une intervention au « sommet de l’Etat », citant nommément Nicolas Sarkozy et Christine Lagarde, demande la saisine du procureur de la République de Paris, afin qu’il conduise « toutes les investigations nécessaires pour qu’enfin toute la lumière soit faite. »

Le Parti socialiste, de son côté, saisit la Cour de Justice de la République. Dans un courrier adressé à Jean-Louis Nadal, le procureur général de la Cour de cassation, neuf députés socialistes, dont le président du groupe Jean-Marc Ayrault, estiment qu’un « faisceau d’indices » tend à montrer que les décisions prises « avaient pour objet de favoriser des intérêts particuliers au détriment de l’intérêt public. » Dimanche, Jean-Marc Ayrault met en cause directement Christine Lagarde, expliquant que la ministre de l’Economie n’avait « pas respecté la loi » en omettant de saisir le Parlement pour donner son autorisation à la procédure du tribunal arbitral.

4 avril 2011 - Face à la presse, Christine Lagarde explique avoir agi, dans cette affaire, « toujours en totale transparence » : « Je tiens à la disposition du Procureur général tout ce qui est en ma possession. » Elle riposte également en menaçant de porter plainte contre les neuf députés socialistes.