L'idée de création d'un impôt européen, suggérée par le commissaire européen au Budget, Janusz Lewandowski, est "parfaitement inopportune", a déclaré mardi le secrétaire d'Etat français aux Affaires européennes, Pierre Lellouche, rejoignant les positions de Londres et Berlin.

« Nous jugeons cette idée d'impôt européen parfaitement inopportune. Tout impôt supplémentaire aujourd'hui n'est pas le bienvenu, et l'heure est bien davantage, parmi les Etats membres mais aussi pour les institutions européennes, aux économies », a déclaré le ministre français à l'AFP.

Le commissaire européen au Budget avait estimé lundi, dans une interview au Financial Times Deutschland, qu'il envisageait la création d'un impôt dont les recettes alimenteraient directement les caisses européennes.

« J'entends de la part de plusieurs capitales, y compris des grosses comme Berlin, qu'elles aimeraient faire baisser leurs contributions. Cela ouvre une porte à une réflexion sur des sources de revenu propres, qui ne soient pas prélevées par les ministres des Finances », avait-il argumenté.

Un transfert de souveraineté

M. Lellouche a jugé « évident que l'idée d'un impôt européen soulève des questions politiques de fond et constituerait un transfert très important de souveraineté, du pouvoir de lever l'impôt ». « Cela ouvrirait un débat politique très important parmi tous les Etats membres, et en France également », a-t-il fait valoir.

Soulignant la nécessité des économies à tous niveaux, M. Lellouche a rappelé avoir pris position il y a quelques semaines contre une demande de la Commission qui réclamait une augmentation de 6,9% de ses crédits de fonctionnement.

La négociation sur les prochaines perspectives financières de l'UE post-2013 devraient s'ouvrir au printemps prochain, a-t-il encore rappelé.

« Nous démarrons cette discussion avec une France contributrice nette à hauteur de cinq milliards d'euros par an », a-t-il dit, en observant qu'elle est pratiquement au même niveau que l'Allemagne.

Londres et Berlin ont également rejeté la suggestion de M. Lewandowski. Le gouvernement britannique a estimé que la fiscalité doit être déterminée au niveau national.

Le ministère allemand des Finances a indiqué que « la revendication d'introduire un impôt européen va à l'encontre de la position du gouvernement allemand ».