Le ministre français du Travail, Eric Woerth, qui doit être entendu prochainement par la police pour s'expliquer sur les conditions d'embauche de sa femme par une société de Liliane Bettencourt, a réaffirmé mardi n'avoir "aucune intention de démissionner".

« Je n'ai pas de problèmes de morale, de déontologie, je n'ai aucune intention de démissionner », a-t-il dit lors d'un entretien sur la radio Europe 1. « Je n'ai jamais demandé qu'on embauche ma femme », a-t-il martelé à plusieurs reprises.

Le ministre du Travail et son épouse doivent être prochainement entendus par la police dans le cadre de l'enquête sur les enregistrements pirates entre Liliane Bettencourt et son entourage. Ils devraient en particulier s'expliquer sur les soupçons de conflit d'intérêts entre son rôle en tant que ministre du Budget et l'embauche de sa femme à l'automne 2007 dans la société Clymène, gérant la fortune de Mme Bettencourt.

Pas d'intervention

« Je n'ai jamais demandé quoi que ce soit qui concerne mon épouse », a ajouté le ministre. « Ma femme a été embauchée normalement dans un job qui convient à son parcours professionnel », a ajouté M. Woerth.

Le gestionnaire de fortune de Mme Bettencourt, Patrice de Maistre, a affirmé lors de sa garde à vue que M. Woerth, lorqu'il était ministre du Budget, lui avait « demandé de recevoir sa femme et ce pour essayer de la conseiller sur sa carrière », début 2007, selon un extrait du procès-verbal. « Il n'y a pas eu de ma part d'aide, d'intervention », a encore dit le ministre.

« Une affaire assez surnaturelle »

M. Woerth a indiqué ne pas savoir quand il serait entendu mais a souhaité que cela intervienne rapidement. Le parquet de Nanterre a précisé lundi que cette audition interviendrait « dans de brefs délais ». « J'espère que ce sera très rapide pour mon épouse et pour moi-même », a dit le ministre. « Il faut s'expliquer dans cette affaire, c'est une affaire assez surnaturelle », a-t-il dit.

« C'est surtout ma femme qui va s'expliquer sur ses conditions d'embauche, c'est là-dessus qu'elle doit être entendue, comment elle a été embauchée, quel a été son parcours professionnel, pourquoi elle avait les capacités et les compétences pour le faire », a ajouté M. Woerth.

Pour l'audition d'un ministre par la justice, le conseil des ministres doit donner son feu vert: « ce sera le cas, ce sera nécessairement le cas », a dit le ministre sans préciser lors de quel conseil des ministres. Interrogé sur ce point par l'AFP, le secrétaire général de l'Elysée, Claude Guéant, avait répondu qu'aucune demande d'autorisation n'était parvenue lundi matin.

L'audition de M. Woerth et son épouse se fera dans le cadre de l'enquête préliminaire sur le contenu des écoutes clandestines réalisées entre mai 2009 et mai 2010 chez Mme Bettencourt qui suggèrent un possible conflit d'intérêts mais aussi des opérations de fraude fiscale.