D'après le procureur de Nice Eric de Montgolfier, le décryptage des fichiers soustraits à une filiale suisse de HSBC par un de ses ex-salariés, et en possession de la justice et du fisc français, a permis d'identifier 127.000 comptes appartenant à 79.000 personnes, dont 8.231 Français.

Le PDG de HSBC Private Bank en Suisse Alexandre Zeller avait indiqué le 11 mars que les fichiers informatiques contenaient des informations datant de 2006 sur 24.000 clients, dont 15.000 existants. La banque suisse a pu réaliser ce décompte après avoir reçu le 3 mars du procureur général de la Confédération "des copies d'une importante partie des données volées".

Le ministre du Budget Eric Woerth avait de son côté annoncé en août détenir une liste de 3.000 contribuables français soupçonnés de dissimuler des avoirs dans des comptes à l'étranger. Cette liste a été alimentée à diverses sources dont les fichiers HSBC, et tous les comptes qui figurent dans ces derniers ne concernent pas nécessairement des fraudeurs, a précisé par la suite son entourage.

Bras de fer entre la Suisse et la France

La justice française a saisi le 20 janvier 2009 au domicile français d'Hervé Falciani des fichiers informatiques cryptés contenant des fichiers codés contenant des informations sur des comptes détenus par des clients de HSBC. La perquisition avait été effectuée dans le cadre d'une demande des autorités judiciaires suisses, soupçonnant Falciani de détournement frauduleux de données confidentielles.

Mais avant de les transmettre aux Suisses, les enquêteurs français ont analysé le contenu de ces saisies, qui se sont révélées d'un grand intérêt pour la justice et le fisc français. Le parquet de Nice a ouvert une enquête pour blanchiment et l'administration fiscale a utilisé les données pour identifier de présumés fraudeurs.

Au terme d'un bras de fer de plusieurs mois entre les autorités françaises et suisses, au cours duquel la Suisse a bloqué le processus de ratification d'un accord de double imposition entre les deux pays, une copie des fichiers a été transmise début 2010 à la Suisse conformément à sa demande d'entraide judiciaire.

La Suisse a obtenu en échange de la reprise de la ratification de l'accord que la France ne transmette des informations sur des personnes figurant sur cette liste à d'autres Etats qu'à condition que ceux-ci en fassent la demande officielle dans le cadre d'accords bilatéraux et d'en informer la Suisse, selon un communiqué de Bercy du 12 février.

Une copie pour l'Italie ?

Ce cas de figure pourrait d'ailleurs se présenter prochainement. En effet, le décodage des fichiers dérobés a également fait apparaître le nom de 7.094 Italiens, selon M. de Montgolfier, qui a reçu récemment une demande d'entraide judiciaire du parquet de Turin, souhaitant récupérer une copie des fichiers. Le procureur général d'Aix-en-Provence se prononcera sur cette demande après avoir reçu l'avis "technique et juridique" de la Chancellerie.