La mise en place d'un seuil de ressources minimum, sorte de bouclier contre la grande pauvreté, est devenu un véritable marqueur de gauche, présent dans presque tous les programmes de ce côté de l'échiquier politique. On est assez loin, toutefois, d'un véritable revenu de base, universel et inconditionnel.

Le « revenu universel d'existence » : c'était, en 2017, une des propositions phares de Benoît Hamon, premier présidentiable à intégrer dans son programme l'idée d'un revenu versé par l'Etat à tous et toutes, sans conditions, sorte de rétribution de la contribution de chaque citoyen au bien commun. On ne peut pas dire qu'elle lui ait porté chance, puisque le candidat des socialistes et des écologistes avait été sèchement éliminé au premier tour, avec 6,36% des voies.

Cinq ans plus tard, qu'est devenue cette idée, considérée par certains comme la prochaine grande conquête sociale ? Elle est clairement devenue un marqueur partisan. Tous les candidats se réclamant de la gauche ont ainsi intégré une mesure qui résonne avec le projet de Benoît Hamon. Tous... sauf Anne Hidalgo, la candidate socialiste de 2022.

Du simple au double selon les candidats

La version du revenu de base proposée par les candidats de gauche, de Yannick Jadot à Nathalie Arthaud, est toutefois une version largement édulcorée du véritable revenu de base, tel que défendu notamment par le Mouvement français pour un revenu de base (MFRB). Celui-ci, en effet, est par essence inconditionnel et universel. En clair, il est versé à tous, quel que soit l'âge, sans prise en compte des revenus et sans contrepartie. En 2017, Benoît Hamon avait tenté de s'approcher de cet « idéal », avant de reculer et d'intégrer à son projet une condition de revenus.

En 2022, aucun candidat ne va aussi loin. Plus qu'un revenu universel, tous proposent plutôt un bouclier contre la grande pauvreté. On parle ainsi de « revenu citoyen » chez les écologistes, de « garantie d'autonomie » à La France Insoumise ou encore de « présalaire d'autonomie » au Nouveau Parti Anti-capitaliste (NPA). Le principe est le même : fixer un montant minimum de ressources applicable à l'ensemble de la population, mais sous conditions de revenus. En clair, faciliter l'accès à des minima sociaux revalorisés.

Relativement homogènes dans le principe, les propositions divergent en revanche sur ce montant minimum, qui va du simple au double. Le « revenu citoyen » de Yannick Jadot, versé automatiquement, est fixé à 918 euros. Jean-Luc Mélenchon, lui, cale sa « garantie d'autonomie » sur le seuil de pauvreté, soit 1 102 euros par mois pour une personne seule. Le « présalaire d'autonomie » de Philippe Poutou prend une autre référence, le SMIC. Mais un SMIC à 1 800 euros, une des promesses faites par le candidat anti-capitaliste. Le présalaire envisagé est ainsi égal à 75% de ce salaire minimum revalorisé, soit 1 350 euros par mois. La plus généreuse, enfin, est Nathalie Arthaud. Dans son projet, la candidate trotskiste indique qu'« aucun salaire, aucune allocation, aucune pension ne doit être inférieur à 2 000 euros par mois. »

A droite et au centre, des coups de pouce ciblés

Et à droite et au centre ? Sans grande surprise, on trouve peu de traces d'une volonté de lutter contre la grande pauvreté par la redistribution. Seules certaines catégories de la population - les moins de 25 ans, les retraités, les personnes en situation de handicap selon les cas - sont ciblées par Jean Lassalle, Valérie Pécresse, Marine Le Pen, Nicolas Dupont-Aignan ou encore Eric Zemmour.

Quant au président sortant Emmanuel Macron, il propose d'instaurer une « solidarité à la source », sur le principe de l'impôt à la source. Pas de promesse de revalorisation, donc, mais la volonté de lutter contre le non-recours en permettant le versement automatique des prestations sociales.

Présidentielle : RSA, APL, AAH... Qui veut raboter ou booster les aides sociales ?

(1) La candidate PS a intégré dans son programme un « minimum jeunesse », ouvert à tous les jeunes de plus de 18 ans sous conditions de ressources, sans détailler de montant.