Ce minimum par mois pour vivre est nettement supérieur aux montants des minima sociaux, mais aussi du Smic. 1 760 euros par mois, c'est aussi, en gros, le salaire médian dans le privé.

« Selon vous, pour vivre, quel est le montant dont doit disposer au minimum un individu par mois ?» Voici la question posée à 3 000 personnes par la Direction de la recherche, des études de l’évaluation et des statistiques (Drees) dans le cadre de son enquête annuelle.

Selon les conclusions 2018, publiées en fin de semaine dernière, la moyenne atteint les 1 760 euros, très loin des montants offerts par les minima sociaux qui garantissent des niveaux de revenu compris entre 500 et 850 euros par mois, dans la majorité des cas. Ces 1 760 euros sont aussi nettement au-dessus des 1 204 euros mensuels du Smic. Ce montant minimum est même très proche du salaire médian des salariés du privé. Selon une récente étude de l’Insee, 50% gagnent moins que 1 789 euros nets chaque mois.

Autre constat du baromètre de la Dress, à 1 760 euros, le montant minimum pour vivre est en hausse de 200 euros par rapport à 2017. « Une augmentation qui fait écho à la progression notable du taux de pauvreté ressentie », explique l’étude qui s'est déroulée en plein mouvement des Gilets jaunes. En effet, en 2018, près d’un Français sur 5 (18%) s’estimait en situation de pauvreté et un sur quatre pensait qu’il pouvait le devenir dans les cinq prochaines années. Dans le même temps, 58% des sondés se considéraient à l’abri de ce risque bien que cela les préoccupait personnellement (86%).

La pauvreté ressentie augmente

« Alors que ces proportions demeuraient relativement stables depuis 2015, date d’introduction de la question sous sa forme actuelle dans le Baromètre, la part des personnes qui se considèrent comme pauvres augmente de 5 points entre 2017 et 2018, tandis que celle des personnes qui s’estiment à l’abri de ce risque recule de 6 points », souligne la Dress.

Dans ce contexte, près de deux Français sur trois sont en faveur de l’augmentation du revenu de solidarité active, contre un peu moins d’un sur deux en 2014. Pour autant, seuls 20% d’entre eux sont prêts à financer cette hausse par une augmentation de leurs impôts ou cotisations !

(1) Le Baromètre d’opinion de la DREES est une enquête de suivi de l’opinion sur la santé, la protection sociale (assurance maladie, retraite, famille, handicap et dépendance, pauvreté et exclusion), les inégalités et la cohésion sociale. Pilotée par la DREES tous les ans depuis 2000 (sauf en 2003), elle est effectuée en face à face auprès d’un échantillon d’environ 3 000 personnes représentatives de la population habitant en France métropolitaine et âgées de 18 ans ou plus. L’échantillon est construit selon la méthode des quotas : par sexe, âge, profession de la personne de référence, après stratification par région et catégorie d’agglomération.