Le secteur des Ehpad a salué mercredi l'annonce du gouvernement de leur affecter 650 millions d'euros, en réponse à leurs difficultés financières, mais appelle les pouvoirs publics, notamment les départements, à faire plus.

La ministre déléguée aux Personnes âgées, Fadila Khattabi, a annoncé mardi une augmentation de 5% du financement de l'Etat en 2024 pour les Ehpad publics et associatifs, et de 3% pour le secteur privé commercial.

Soit un coup de pouce total de 650 millions –des lignes déjà comprises dans le budget 2024, a précisé le ministère à l'AFP.

Dans un communiqué mercredi, l'AD-PA (l'association des directeurs d'établissement au service des personnes âgées) a « salué cette prise de position très rapide de la ministre », y voyant « l'attention qu'elle montre pour ce secteur dont près de 80% des structures finissent un exercice 2023 en déficit ».

Pour autant, l'AD-PA « considère que ces hausses ne suffiront pas à répondre à l'urgence et aux enjeux de moyen terme ».

« Ce premier pas » nécessite « d'être prolongé par un même engagement de la part des départements » et d'être « élargi aux services à domicile », qui sont « tout aussi déficitaires et en risque de cessation d'activité », ajoute l'AD-PA. L'association réclame aussi le « projet de Loi Grand âge Autonomie » qu'avait promis Emmanuel Macron « pour fin 2018 ».

Accueil « favorable » également par le Synerpa, principal syndicat des Ehpad privés. Son président Jean-Christophe Amarantinis qualifie les 3% de hausse d'« effort significatif (...), même si ce taux ne compense pas entièrement l'inflation réelle subie ».

Mais il exprime « son incompréhension » concernant « l'exclusion du secteur privé commercial de certaines mesures sociales, notamment de revalorisations salariales ». « Cette différenciation de traitement fragilise la capacité des acteurs privés du grand âge à accomplir leur mission », a-t-il jugé.

Cette hausse est un « ballon d'oxygène », relève de son côté la Fédération hospitalière de France (FHF), qui « sera vigilante à ce que les revalorisations pour les activités et forfaits complémentaires couvrent effectivement l'évolution des charges prévue en 2024 ».

Interrogé par l'AFP, Olivier Richefou, vice-président de l'association Départements de France (DF) et responsable du groupe de travail « grand âge », indique que les départements sont bien conscients de la situation financière « très compliquée » des Ehpad.

Notant que DF avait appris dans la presse l'annonce de la ministre, faite sans concertation selon lui, il a souligné que chaque département était « libre » de décider d'une augmentation, ce que certains ont déjà fait.

Mme Khattabi a évoqué la possible reprise en main par l'Etat de la partie « dépendance » (actuellement gérée par les départements) pour la fusionner avec la section « soins » (financée par la Sécurité sociale), en vue de simplifier le système actuel.

Dix départements ont d'ores et déjà répondu à l'appel à candidatures, ouvert jusqu'au 30 avril, pour cette expérimentation, selon la ministre.

Cela va permettre de regarder « comment on peut faire un peu d'économies », a noté M. Richefou.

Par ailleurs, il est « déjà possible pour les Ehpad, quand les départements mettent en place des conventions d'aide sociale, d'instaurer des tarifs différenciés » pour les résidents en fonction de leurs ressources, a-t-il relevé. « Il n'est pas anormal que les usagers qui ont des capacités financières (...) participent à cette augmentation (des coûts) liée à l'inflation ».