Entre 2016 et 2019, l’utilisation des pièces et des billets pour payer en magasin a nettement reculé en France, selon les résultats d’une enquête de la Banque centrale européenne (1). La tendance s’accélère encore avec la pandémie de Covid. Voici les chiffres qui le montrent.

L’utilisation des espèces en recul de 9 points en trois ans

En 2016, 68% des achats en magasin étaient payés en espèces. Trois ans plus tard plus tard, en 2019, ce chiffre est tombé à 59%. Une chute sans précédent ! Qui en profite ? La carte bancaire surtout, utilisée désormais 1 fois sur 3 (35% contre 27% en 2016, +8 points).

Répartition des moyens de paiement, en volume, en France et en zone euro, en 2019
Tiré du Bulletin de la Banque de France, 232/4

Les autres moyens de paiement (chèque, paiement mobile, virement…) progressent moins : 6%, contre 5% trois ans auparavant. Il faut dire que le chèque est également en déclin accéléré

Ce basculement vers la carte bancaire s’explique largement par la généralisation du paiement sans contact, qui a encouragé les commerçants à accepter plus largement ce moyen de paiement. C’est surtout vrai, toutefois, pour les achats d’un montant supérieur à 10 euros. Sous ce seuil, les pièces et les billets restent massivement utilisés : 92% des paiements de moins de 5 euros, 83% entre 5 et 10 euros.

À consulter : Comment obtenir une carte bancaire gratuite ?

9 Français sur 10 préfèrent éviter le cash

C’est une exception française de plus : nous nous distinguons de nos voisins par un plus faible attachement aux espèces. La preuve : nous sommes seulement 9% à déclarer privilégier les pièces et les billets pour régler nos achats en magasin, contre 27% des habitants de la zone euro. Un chiffre lui aussi en nette baisse : il était de 17% en 2016. La carte bancaire récolte l'essentiel des suffrages (69%), tandis 22% des sondés n'ont pas de préférence claire.

Moyen de paiement pour lequel les sondés expriment une préférence en France et en zone euro, 2019
Tiré du Bulletin de la Banque de France, 232/4

Cela se retrouve dans les chiffres d’usage de 2019 : la France fait partie des pays où la part des espèces (59%) dans les paiements en magasin est la plus faible, derrière les Pays-Bas (34%) ou la Finlande (35%), mais loin devant l’Allemagne (77%), l’Italie (82%) ou l’Espagne (83%).

Quatre Français sur 10 ont réduit leur usage avec le Covid

Pour compléter et analyser à chaud la portée de la pandémie de Covid-19 sur les habitudes de paiement, la BCE a réalisé une seconde enquête en juillet 2020 (2). Bilan : 39% des sondés en France déclarent avoir réduit leur utilisation des espèces depuis le début de la crise sanitaire, et 49% paient davantage en carte sans contact.

Résultat : la carte bancaire pourrait détrôner les espèces dès 2020. « (…) Les deux tiers des sondés français déclarent avoir réglé leur dernière transaction par carte, dont une part importante en sans contact (39%), contre seulement 26% en espèces », annonce la Banque de France. Principale raison de cette évolution, le relèvement du plafond à 50 euros depuis mai. Mais la crainte de tomber malade est aussi présente : 44% des sondés français pensent ainsi que les billets constituent un vecteur de transmission du virus.

« La disparition des espèces n’est pas à l’ordre du jour »

Malgré ces tendances plutôt défavorables, la « disparition des espèces n’est pas à l’ordre du jour, promet la Banque de France : elle « continuera de veiller à un accès satisfaisant aux espèces pour tous ainsi qu’au respect du cours légal – c’est-à-dire à l’interdiction pour un commerçant de refuser un paiement en espèces – au nom de la liberté de choix du moyen de paiement qui doit être laissée au consommateur ».

(1) Enquête SPACE (study on the payment attitudes of consumers in the euro area), menée auprès de 41 155 personnes dans 17 des 19 pays de l’Eurosystème – dont 4 489 en France. 68 023 transactions ont été recensées, dont 61 139 aux points de vente. (2) Sondage IMPACT (impact of the pandemic on cash trends) portant sur le dernier paiement effectué par les sondés et sur un échantillon de 17 779 personnes, soit environ 1 000 sondés par pays.