La ministre du Travail, Muriel Pénicaud, a souligné mardi que dans « beaucoup de métiers, on va travailler en mode dégradé ou ralenti », rappelant que l'employeur a une « obligation de moyens » à mettre en œuvre pour protéger ses salariés.

« On ne travaille plus de la même façon, on va travailler en mode dégradé et ralenti dans beaucoup de secteurs », a affirmé Muriel Pénicaud sur BFM Business. « Il faut, selon elle, accepter qu'il y ait moins de profitabilité ou moins de rentabilité ». « On n'a pas besoin que tout le monde travaille mais il y a très peu de secteurs dont on peut se passer complètement pour soutenir nos hôpitaux ou pour la vie quotidienne des Français », a-t-elle encore dit.

Interrogée sur les demandes des entreprises qui souhaiteraient « se prémunir pénalement vis-à-vis de salariés pour qu'ils ne se retournent pas contre leur direction » s'ils étaient contaminés, la ministre a indiqué que « ce sujet est très haut dans la liste » de ce qui remonte au ministère du Travail. « Je rappelle le droit, il n'y a pas besoin de transformer le droit, aujourd'hui le code du travail dit qu'un employeur est responsable de la santé et de la sécurité de ses salariés (...), cela veut dire qu'il a une obligation de moyens » et doit « avoir pris toutes les précautions », a-t-elle répondu.

« Tous les secteurs d'activité peuvent recourir au chômage partiel »

Quelque 37 000 entreprises et 700 000 salariés ont fait des demandes de chômage partiel, a-t-elle indiqué. Dans un entretien au Figaro, elle précise que ces demandes concernent à hauteur de 11% le bâtiment, pour un coût total de 2,2 milliards d'euros. Interrogée sur la validation des ces demandes par l'administration, Muriel Pénicaud a répondu : « J'ai redonné des instructions aux Direccte (directions régionales du Travail, NDLR), qui sont nos services en régions, extrêmement précises, pour qu'il n'y ait aucune différence d'interprétation ».

Dans un communiqué diffusé mardi, FO métaux s'est plaint que « certaines Direccte refusent des dossiers de prise en charge, obligeant ainsi les entreprises à reprendre leur activité ». « De ce fait, la pression est mise sur les entreprises sans se soucier des respects des règles de sécurité pour les salariés », proteste le syndicat, pour qui il est nécessaire d'avoir « accès, sans restriction, au dispositif de chômage partiel et que les salariés voient leurs rémunérations maintenues à 100% ».

« Tous les secteurs d'activité peuvent recourir au chômage partiel, toutes les tailles d'entreprise », a-t-elle dit. « Cela couvre aussi les apprentis, les CDD et les intérimaires », a-t-elle ajouté. « Cela n'est pas réservé à l'accueil du public » car « il y a des activités qu'on ne peut plus faire », a-t-elle dit.

Bientôt du chômage partiel pour « les cadres en forfait jour »

Elle a précisé au Figaro que « les cadres en forfait jour » pourraient bénéficier aussi du chômage partiel, selon le texte d'une des ordonnances qui sera publiée « jeudi ». Plusieurs textes, déclinaisons du projet de loi, seront présentés « demain » (mercredi, ndlr) en Conseil des ministres, a-t-elle dit.