Après la Chine, le coronavirus s’est étendu à d’autres pays dont l’Italie, une destination prisée par les Français. Si vous envisagiez de partir en vacances ou en week-end chez nos voisins transalpins, pouvez-vous annuler votre séjour ? Eléments de réponse.

En matière d’annulation voyage, une chose est sûre : il n’y a pas de garantie couvrant « la peur de voyager » ! Si vous craignez de vous déplacer alors qu’aucun élément objectif ne met en danger votre vie ou votre santé, vous pourrez annuler votre séjour… mais à vos frais. En revanche, en cas de « circonstances exceptionnelles et inévitables » (1) sur le lieu de votre destination, vous pouvez éventuellement y renoncer et vous faire rembourser.

Quelles conditions pour annuler gratuitement un séjour ?

Si vous avez réservé un séjour (transport-hébergement) auprès d’un voyagiste dans une zone concernée par des restrictions dues à l’épidémie, vous pouvez le contacter et lui demander l’annulation sans frais du contrat. Car la survenue du coronavirus peut être considérée comme un « événement exceptionnel et inévitable », ayant des conséquences sur la « bonne exécution du contrat ». En effet, à Milan en Lombardie, à Venise en Vénétie ou à Turin dans le Piémont, les musées sont actuellement fermés, les événements publics (messes, festivals, rencontres sportives, etc.) sont annulés jusqu’à nouvel ordre… Ces restrictions peuvent justifier une demande d’annulation sans frais du séjour si celui-ci est prévu dans les jours ou semaines qui viennent. Le voyagiste a alors 14 jours au plus tard après la rupture du contrat pour vous rembourser.

En revanche, pour des séjours dans des régions de l’Italie non concernées par l’épidémie de coronavirus, vous pourrez difficilement obtenir une annulation gratuite (mais la situation évoluant très vite - des cas de malades ont été confirmés aujourd’hui en Sicile et à Florence en Toscane -, le nombre de régions concernées par des restrictions pourrait augmenter).

Pour le moment, les voyagistes se veulent rassurants. Chez Evaneos, agence de voyage en ligne, on n’a pas encore reçu beaucoup d’appels de clients inquiets, même si « ça ne devrait pas tarder dans les prochains jours », explique Samy Bailly, le directeur du développement des destinations. « Mais on va prendre les devants en appelant les clients qui doivent partir en Italie. On va leur proposer : soit de décaler leur séjour sur le nord de l’Italie à une autre date, soit de partir sur une autre région du pays aux dates réservées, soit d’annuler sans frais. On reste très flexible, on a envie que les voyageurs soient contents de leur expérience. L’annulation, c’est évidemment la dernière solution, qui en général ne convient pas non plus au voyageur : une fois qu’il s’est projeté en voyage, qu’il s’est imaginé à destination, qu’il a décidé de prendre des vacances, c’est difficile de rester chez soi. Donc on va aider nos clients à partir sur une autre destination s’ils le souhaitent ».

Voyageurs, suivez la situation au jour le jour en Italie

Pour savoir comment évolue le Covid-19 en Italie, reportez-vous à la page Conseils aux voyageurs du ministère des Affaires étrangères. Y sont listées les recommandations locales (zones concernées, restrictions de transport, fermetures de lieux, etc.) ainsi que les recommandations sanitaires pour les personnes qui auraient voyagé dans les régions touchées ces derniers jours. Mardi soir, au micro de France Info, le secrétaire d'État aux Transports Jean-Baptiste Djebbari invitait les Français à décaler leur séjour dans le nord de l'Italie : « Ceux qui prévoyaient effectivement de se rendre dans les zones les plus concernées et qui peuvent (...) reporter leur voyage sont évidemment invités à le faire. »

Quelles conditions pour annuler gratuitement un vol « sec » ?

Si vous avez organisé vous-même votre escapade en Italie et que la compagnie aérienne maintient le vol réservé, l’annulation sans frais est plus difficile. Premier réflexe : vérifiez si votre billet est modifiable (auquel cas vous pouvez reporter votre vol à une autre date) ou annulable gratuitement (c’est assez rare dans l’aérien). Si ce n’est pas le cas, renseignez-vous auprès de la compagnie aérienne pour savoir si elle a mis en place des mesures commerciales particulières en raison de la situation.

Au début de la crise du coronavirus, Air France par exemple avait rapidement annoncé la suspension des vols vers la Chine (jusque fin mars actuellement) et le remboursement des voyageurs concernés. La compagnie propose aussi aux voyageurs qui sont passés par ce pays récemment ou par la Corée du Sud, et qui se voient ainsi interdire l’accès à d’autres territoires (comme Israël), de reprogrammer ou d'annuler gratuitement leur vol.

Concernant l’Italie, le service de presse d’Air France avait précisé à MoneyVox.fr mardi matin que « le programme de vol est opéré normalement » vers Milan, Venise ou Bologne, et qu'il n'y avait « pas de mesure commerciale [prévue] pour l’instant ». Mais en fin d'après-midi, la compagnie a finalement décidé d'accepter les reports ou les annulations sans frais pour les voyages à destination des villes du nord de la péninsule. Le « flash info vols » sur la page d’accueil d’Air France a été mis à jour et les conditions d’annulation/remboursement précisées.

Dans tous les cas, si vous avez prévu de voyager vers le nord de l’Italie avec Easyjet, Alitalia, Ryanair, Transavia ou autre compagnie aérienne, n’hésitez pas à contacter le service client pour obtenir des informations.

Et le remboursement d’un hôtel ou Airbnb ?

A moins d’avoir opté pour une offre où la modification ou le remboursement des nuitées est possible, ou à moins que votre vol ait été annulé par la compagnie aérienne en raison des fameuses « circonstances exceptionnelles et inévitables », vous ne pourrez pas forcément vous appuyer sur le coronavirus pour justifier une demande de remboursement auprès de Booking, Expedia, Hôtels.com ou Airbnb si vous décidez d’annuler. En Chine, les chaînes hôtelières Hilton ou Accor avaient cependant mis en place des mesures commerciales pour leurs clients. Concernant l’Italie, contactez malgré tout le service client lié à votre réservation « au cas où ».

L’assurance de votre carte bancaire peut-elle vous aider ?

A priori non. Les assurances liées à votre carte Mastercard ou Visa (et ce, quel que soit le niveau de gamme : Premier, Gold, Infinite, World Elite…) prévoient souvent une garantie annulation voyage mais seulement en cas « d’accident de santé » avant le départ. Elles ne couvrent pas les risques liés à des « événements exceptionnels et inévitables » sur la destination de vacances. « Les conséquences des situations à risque infectieux en contexte épidémique » (2) sont aussi généralement exclues des prestations d’assistance (frais médicaux sur place, rapatriement, etc.).

Et si vous avez pris une assurance voyage de type Europ Assistance ? Sur son site, la compagnie explique que « les contrats d’assurance voyage ne couvrent pas l’annulation par crainte de voyager ». Pour le moment, seules les personnes se trouvant en Chine sont susceptibles d’être prises en charge : « Dans le cas où l’un de nos clients serait infecté par le virus pendant ses vacances, certains de nos contrats prévoient une couverture pour les frais médicaux ». Pour l’Italie, rien à signaler donc pour le moment, ne comptez pas sur ce type d'assurance pour espérer un remboursement. Europ Assistance précise : « Nous continuons toutefois à suivre de près la situation et fournirons des mises à jour basées sur les dernières recommandations de l’OMS et des autorités sanitaires et réglementaires respectives de chaque pays. »

L’Italie désertée par les Français ?

Pour les Français, l’Italie est une destination prisée, que ce soit au moment des grands week-ends de printemps ou de l’été. Et les professionnels du tourisme craignent que les carnets de commande peinent à se remplir. Dans les colonnes de TourMag, Jean-François Guieu, directeur de Solotour, estime qu’il « va y avoir un certain attentisme ». Jean-François Richou, directeur associé de Richou Voyages, ne déplore pas d’annulation pour le moment mais espère un retour rapide à la normale : « Il va falloir que la situation rentre dans l'ordre rapidement. Nous espérons que cette situation ne va pas compromettre le lancement de la saison haute qui débute au printemps sur une destination très porteuse pour nous. »

(1) Article L211-14 du code du tourisme

(2) Expression extraite des notices Visa de la Caisse d’Epargne Normandie