Le ministère français de l'Economie et des finances a abaissé vendredi sa prévision de croissance économique pour l'an prochain, ainsi que ses ambitions de réduction du déficit public et de la dette, invoquant un contexte économique international défavorable et les dépenses annoncées en réponse au mouvement des « gilets jaunes ».

Dévoilé en amont de la présentation du projet de budget pour 2020, ce scénario prévoit une croissance ramenée à 1,3% en 2020, contre 1,4% initialement prévu. Le ralentissement économique qui touche déjà l'économie mondiale et européenne, aggravé par les tensions commerciales, va donc atteindre la France, après une croissance économique de 1,7% en 2018 et qui devrait déjà freiner à 1,4% cette année, selon le gouvernement.

Equation budgétaire tendue

Cette prévision prudente pour 2020 complique encore plus une équation budgétaire déjà tendue, avec l'ensemble des mesures de pouvoir d'achat annoncées en réponse au mouvement des « gilets jaunes » et la difficulté à trouver suffisamment d'économies pour les financer.

Conséquence, si le déficit public va bien baisser l'an prochain (de 3,1% du PIB en 2019 à 2,2%), une grande partie de ce recul de 0,9 point s'explique par la transformation du crédit d'impôt pour la compétitivité et l'emploi (CICE) en baisse de charges qui avait plombé l'exercice budgétaire de l'an dernier. Hors cet effet exceptionnel, le déficit va en réalité stagner en 2020, alors que le gouvernement voulait encore le réduire à 2% dans les prévisions transmises au printemps à la Commission européenne.

La dépense publique en hausse

L'écart par rapport à cette prévision s'explique aussi par la baisse d'impôt sur le revenu de 5 milliards d'euros annoncée par Emmanuel Macron à la suite du mouvement des « gilets jaunes » et la réindexation d'une partie des pensions de retraites sur l'inflation pour un coût de 1,5 milliard d'euros.

La dépense publique va d'ailleurs encore croître en 2020, et son niveau rapporté au PIB, actuellement le plus élevé de l'Union européenne, devrait lui peu baisser, passant de 53,8% en 2019 à 53,4% en 2020, alors que le gouvernement espère une baisse de 3 points sur l'ensemble du quinquennat.

Le gouverment prend du retard

Le gouvernement prend donc du retard sur la réduction de la dette publique, un des objectifs majeurs du quinquennat, malgré les taux d'intérêt bas qui réduisent mécaniquement la charge de la dette.

En 2020, la dette devrait reculer légèrement à 98,7% du PIB après un bond à 98,8% cette année. Une décision assumée à Bercy, où l'on affirme que le rythme d'atteinte des objectifs de baisse de la dépense et de désendettement devait être ajusté pour tenir compte des demandes des Français.

Ces prévisions macroéconomiques seront examinées par le Haut conseil des finances publiques, qui doit rendre un avis sur le scénario retenu par le gouvernement pour établir son budget 2020.