Bercy veut frapper le géant de la distribution au portefeuille. E.Leclerc est accusé de pratiques commerciales abusives à l'égard de certains fournisseurs, commises par sa centrale d’achat belge.

Leclerc risque de prendre cher. Dans un communiqué diffusé sur Twitter ce lundi matin, le ministère de l’Economie et des Finances annonce réclamer une amende de 117,3 millions d’euros à l’égard du géant de la distribution.

Il a décidé d’assigner, auprès du tribunal de commerce de Paris, quatre entités du mouvement (Eurelec Trading, Scabel, Galec et Acdelec) pour des pratiques commerciales jugées abusives qu’auraient commises Eurelec Trading, sa centrale d’achat en Belgique, créée en 2016.

Elle a été utilisée « pour contourner la loi française et imposer des baisses de tarifs très importantes, sans aucune contrepartie, à certains de ses fournisseurs », estime une enquête de la Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes. « Par ailleurs, le mouvement E. Leclerc aurait eu recours à l’application de mesures de rétorsion fortes, pour obliger ses fournisseurs à accepter les conditions posées par Eurelec Trading, dénonce Bercy. Depuis la mise en place de cette centrale, le mouvement E.Leclerc délocalise chaque année une part plus importante de ses négociations commerciales en Belgique ».

« Lorsque le pouvoir de négociation des distributeurs est utilisé de manière abusive, les déséquilibres se répercutent sur toute la filière. Cela a pour conséquence un impact économique négatif sur tous les acteurs (et notamment les producteurs) et donc sur l’emploi. À moyen ou long terme, cela conduit également à une réduction de l’innovation et à une offre plus onéreuse ou moins qualitative pour les consommateurs », argumente le ministère.

Une autre amende de 108 millions d'euros réclamée

« Derrière ces attaques permanentes dont sont témoins les consommateurs depuis deux ans, il s'agit clairement de mettre la pression sur E.Leclerc », réplique Olivier Huet, le président du Galec, cité par Le Parisien. Selon lui, les négociations mises en causes concernaient des grandes multinationales, et pas des PME.

Les pratiques du chevalier blanc de la lutte pour la défense du pouvoir d’achat font régulièrement polémiques. Si l’enseigne demeure la moins chère de France, d’après la toute dernière enquête de Retail Explorer, ce n’est pas la première fois que Bercy s’intéresse à elle. L’an dernier, les services de Bruno Le Maire lui ont réclamé 108 millions d'euros pour avoir imposé à ses fournisseurs des remises contraires à la législation. La justice n'a pas encore tranché ce dossier.