Selon une étude réalisée par l’Observatoire français des conjonctures économiques, le revenu disponible des Français a diminué en moyenne de 440 euros par an entre 2008 et 2016.

Fin 2008, la chute de la banque états-unienne Lehmann Brothers faisait figure de premier acte d’une crise économique mondiale, qui allait notamment entraîner une dégradation accélérée des comptes publics des principales économies. Dix ans plus tard, que sait-on de l’impact de cet événement sur le niveau de vie des Français ? Dans une récente étude, intégrée au « portrait social de la France » de l’Insee, l’Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE) chiffre la baisse du revenu disponible des ménages : 440 euros par an en moyenne entre 2008 et 2016.

Principales causes identifiées de cette évolution : les réformes socio-fiscales, prises au cours des quinquennats successifs de Nicolas Sarkozy et de François Hollande, pour amortir les effets de la crise tout en contenant les déficits publics. Ces mesures ont, à elles seules, amputé le revenu disponible des ménages de 500 euros. D’un côté, la hausse des cotisations sociales et des impôts sur le revenu et le patrimoine leur ont « coûté » 750 euros en moyenne ; de l’autre, la revalorisation des prestations sociales (aides aux familles, aux travailleurs pauvres, minima sociaux, etc.) leur ont « rapporté » 250 euros. Un phénomène qui n'explique toutefois qu'une partie de la baisse de revenu disponible, son évolution restant en partie inexplicable pour l'OFCE.

L'amortisseur social renforcé

Si les réformes socio-fiscales ont donc pesé sur le revenu disponible des Français, elles ont également, dans cette période de turbulences, renforcé « le rôle d'amortisseur social du système redistributif », note l'OFCE. Tous les ménages, en effet, ne sont pas logés à la même enseigne. Les 5% de foyers les plus riches ont ainsi vu leur revenu disponible fondre de 2 500 euros en moyenne, tandis que la perte était de 160 euros pour les 5% les plus pauvres. Il y a donc eu un phénomène de redistribution, même si, rapporté au niveau global des revenus, les plus modestes ont subi plus durement la crise, et notamment le chômage.

Outre l’évolution des politiques fiscales et sociales, un autre facteur, plus structurel, a aussi joué un rôle : la démographie. L’OFCE rappelle en effet que la part des personnes seules et des familles monoparentales dans la population continue à progresser. Un « effet démographie » qui a eu un impact négatif de 400 euros environ sur le revenu disponible moyen des ménages français, et qui touche de manière assez homogène les pauvres comme les riches.