Les gilets jaunes sont « un mouvement un peu contradictoire qui veut à la fois moins d'impôts et plus de services publics », a estimé dimanche le ministre des Comptes publics, Gérald Darmanin dans l'émission Le Grand Jury RTL/Le Figaro/LCI.

Le ministre a dit entendre les motivations des gilets jaunes et leur « ras-le-bol » face au poids « beaucoup trop élevé » de la fiscalité en France, qui, avec un taux de 45%, est « le pays avec le plus d'impôts et de dépenses publiques ». Il a ajouté qu'il aimerait être « le ministre du Budget de l'Allemagne, des Pays-Bas ou de la Suède » qui dégagent des excédents budgétaires, et pouvoir redistribuer de la richesse.

Mais « je ne suis pas un démagogue, si nous baissons les impôts, ou si nous décidons un moratoire, il faudra faire un moratoire sur les dépenses », a-t-il averti, tout en reconnaissant qu'il « faut peut-être aller plus loin dans la baisse des impôts ». Selon M. Darmanin, les Français qui ont manifesté ne contestent pas la fiscalité écologique mais réclament plus de pouvoir d'achat : « chacun s'occupe à la fois de la fin du mois et de la fin du monde, même si c'est vrai qu'on regarde plus la fin du mois quand on a des difficultés sociales ». Il a défendu la politique « courageuse » d'Emmanuel Macron et Edouard Philippe, arguant qu'ils sont le « premier gouvernement à augmenter les salaires sans toucher à la compétitivité des entreprises » et le premier à supprimer la taxe d'habitation.

« L'écotaxe remplacée par rien »

Au passage, il a égratigné le quinquennat de François Hollande pour avoir par exemple arrêté l'écotaxe, « remplacée par rien, ni par une hausse de la fiscalité ni une baisse de la dépense », ce qui a abouti à ne pas pouvoir financer des infrastructures comme le Canal Seine-Nord.

Selon M. Darmanin, après des années de « politique de la gaudriole », « à Bercy les caisses sont vides et on a 100% de dette ». « Emmanuel Macron se retrouve à gérer un pays où les Français disent qu'ils ont trop de fiscalité et par ailleurs des caisses vides. L'Etat ne joue pas au casino avec l'argent des Français : quand vous donnez 200 euros d'impôts, y en a 40 qui vont pour la sécurité/défense, 40 pour l'éducation etc... »

Le gouvernement actuel se retrouve, selon lui, à « devoir mettre de l'argent où il n'y en avait pas ». M. Darmanin a assuré être « le premier ministre du Budget depuis 20 ans à prévoir zéro augmentation de la dépense publique ». « Quand on supprime 1,5 milliard sur les contrats aidés comme (la ministre du Travail) Muriel Pénicaud ou 1,5 milliard sur le budget du logement, on fait 3 milliards en gros d'économies. C'est très dur dans l'opinion publique pourtant nous le faisons et nous sommes le premier gouvernement à le faire », a-t-il indiqué.