Après un dernier week-end de négociations, Paris espère mardi « sceller un accord substantiel » avec Berlin sur la réforme de la zone euro, tant sur la création d'un budget spécifique que sur un « filet de sécurité » pour sauver les banques en difficulté.

Emmanuel Macron et Angela Merkel s'entretiendront pendant 4 heures mardi à Meseberg, près de Berlin, pour trouver des positions communes sur la réforme de la zone euro mais aussi sur l'Europe de la défense et la gestion des migrants, les trois principaux sujets de ce conseil franco-allemand qui réunit les ministres des deux pays.

Sur la question des migrants, sujet sur laquelle Angela Merkel fait face à un ultimatum de son ministre de l'Intérieur, l'Elysée a réaffirmé sa position : renforcer la coopération avec les pays d'Afrique pour empêcher les départs, mieux protéger les frontières européennes en renforçant l'agence européenne Frontex, qui patrouille les côtes et trouver un système de gestion solidaire des réfugiés qui obtiennent le droit d'asile. Frontex pourrait être chargée aussi de traiter rapidement les demandes d'asile et faciliter les retours des déboutés dans le pays d'origine.

Un budget en faveur des pays moins compétitifs

Sur la création d'un budget spécifique pour les 19 pays de la zone euro, Paris espère mardi un accord « qui doit être substantiel ». « Une impulsion franco-allemande serait décisive » pour convaincre les autres Etats-membres, selon Paris. Parmi les recettes du futur budget, Paris évoque les contributions nationales, l'affectation d'une partie de l'impôt sur les sociétés des pays-membres ainsi qu'une future taxe sur les groupes numériques.

Quant à son montant, si Paris plaide pour plusieurs centaines de milliards d'euros et l'Allemagne pour quelques dizaines, le compromis pourrait prévoir une « montée en puissance progressive » des montants. Ce budget pourrait « investir dans les pays en plus grande difficulté pour les aider à rattraper les pays les plus compétitifs » et prêter aux Etats en cas de crise.

La France espère également conclure un accord avec l'Allemagne sur la mise en place d'un « backstop », mécanisme européen de prévention des faillites bancaires, capable de « réagir rapidement » avec « une forme d'automaticité ». Paris et Berlin devaient aussi annoncer mardi un accord pour faire converger leur impôt sur les sociétés, à proposer au conseil européen de fin juin.

Enfin ils devraient avancer sur « l'Europe de la défense », en particulier sur leur projet d'avion de combat commun, ainsi que sur la mise en place de l'Initiative européenne d'intervention proposée par la France, c'est-à-dire une coordination des états-majors européens pour lancer des opérations.