Le gouverneur de la Banque de France François Villeroy de Galhau a appelé mardi les banques à développer « aussi vite que possible » de nouvelles interfaces sécurisées pour ouvrir l'accès des données bancaires aux jeunes pousses de la finance (« fintech »).

« Le paiement et les données sont probablement les principaux moteurs du changement » ces prochaines années au sein du secteur financier, a estimé François Villeroy de Galhau, à l'occasion du sommet Paris Fintech Forum, dédié aux jeunes pousses de la finance mondiale.

Une exigence de la DSP2

Ces propos interviennent quelques semaines après l'entrée en vigueur d'une nouvelle directive européenne sur les services de paiement, la DSP2, qui vise à établir un cadre favorable à l'innovation et la concurrence, sur fond d'éclosion ces dernières années d'une myriade de « fintech », tout en assurant la sécurité des utilisateurs.

L'élaboration de cette directive a été l'occasion de débats animés entre banques et start-up, notamment sur un domaine : l'accès aux données bancaires. Le « web scraping » a particulièrement cristallisé les tensions. Cette technique consiste à aller chercher les informations directement sur le site internet des banques via les identifiants du client, et c'est sur elle que repose actuellement le modèle de nombreuses start-up, comme les agrégateurs de paiement du type Linxo ou Bankin'.

Bruxelles a laissé aux différents acteurs 18 mois, jusqu'à septembre 2019, pour remplacer le « web scraping » par des « API », des interfaces contrôlées par les banques mais permettant à des sociétés tierces d'accéder aux données.

Rendre les API obligatoires

Si ces interfaces voient le jour rapidement, « nous allons promouvoir un changement réglementaire, avec les gouvernements » en vue de rendre « obligatoire » leur utilisation, a promis François Villeroy de Galhau. Ce faisant, l'obligation d'utiliser ces interfaces sécurisées pourrait ainsi entrer en vigueur plus rapidement que prévu et constituerait « un progrès majeur pour la sécurité », a ajouté le gouverneur.

La Banque de France « n'oppose pas d'un côté les établissements traditionnels et de l'autre les fintechs, au contraire, les établissements traditionnels ont besoin d'innovation », a-t-il assuré, ajoutant que l'institution se sentait garante « d'un bon équilibre ».

Dans ce contexte, le gouverneur a annoncé la création d'un groupe de travail réunissant des banques, des compagnies d'assurance et des jeunes pousses afin d'évaluer les effets de l'intelligence artificielle sur le secteur financier et dont les premiers travaux devraient être publiés d'ici la fin de l'année.