Jean-Luc Mélenchon, député européen (Parti de Gauche), a demandé lundi l'ouverture d'une enquête parlementaire sur l'affaire Kerviel pour « exiger des comptes » sur l'indemnité versée à la Société Générale, estimant cette décision « couverte » par l'ancien président de la République Nicolas Sarkozy.

« Nous sommes devant une situation où nous avons le droit d'exiger des comptes. Il faut une enquête parlementaire parce que c'est une affaire d'Etat », a jugé le responsable du Parti de Gauche lors d'un point presse. « C'est quand même une belle bataille qui maintenant va recommencer (...) car après que la banque se soit plainte de M. Kerviel, d'une perte qu'elle n'a jamais démontrée de cinq milliards d'euros, elle a reçu séance tenante de Mme Lagarde, sur ordre de M. Sarkozy, 1,7 milliard de compensation », a dénoncé M. Mélenchon.

Sept ans après l'affaire Kerviel, de nouvelles révélations ont fait renaître le soupçon sur l'éventuelle connaissance par la Société Générale des agissements de l'ex-trader, qui ont placé la banque française au bord du gouffre début 2008. La commandante de police qui avait dirigé l'enquête sur la perte de 4,9 milliards d'euros déclarée en janvier 2008 par le groupe a déclaré récemment à un juge qu'une partie de la hiérarchie de la Société générale « ne pouvait ignorer » les engagements colossaux pris sur les marchés par Jérôme Kerviel, selon Mediapart.

1,7 milliard de compensation

Selon M. Mélenchon, la Société Générale a « trouvé en M. Kerviel une sorte de tête à claques, de bouc-émissaire pratique à utiliser » alors que la banque « avait un trou dans ses comptes » et qu'« il fallait qu'elle l'impute à quelque chose qui soit avouable ». « Comment se fait-il que la ministre des Finances de l'époque ait pu attribuer 1,7 milliard sans attendre la moindre décision d'un organisme de contrôle de surveillance des banques ? » s'est-il insurgé. « C'était le président de la République Nicolas Sarkozy qui a couvert tout ça, la ministre des Finances, c'est Mme Lagarde, qui est aujourd'hui présidente du FMI », a-t-il accusé.

« Qu'est-ce-que la banque en a fait (l'indemnisation, ndlr) ? Elle l'a intégralement redistribuée à ses actionnaires », a-t-il poursuivi. « Oui, Kerviel a servi d'arbre pour cacher la forêt des grosses magouilles entre les sommets de l'Etat et les sommets de la banque », a-t-il martelé. « Les coupables dans cette histoire, il y en a, mais ce n'est pas celui qui était prévu ».