L'ex-cadre de la banque suisse Reyl, Pierre Condamin-Gerbier a indiqué jeudi à l'AFP ne pas avoir été contacté par Bercy à propos de la liste des personnalités politiques ayant un compte en suisse qu'il dit détenir, précisant qu'il ne l'aurait pas communiquée.

« Je n'ai eu aucun contact avec le ministre ni un représentant du ministère du Budget, ni d'aucun autre ministère », a déclaré M. Condamin-Gerbier à l'AFP. « Personne n'a cherché à me contacter, ni par téléphone, ni par mail, ni par courrier », a-t-il insisté.

« Si j'avais été contacté, j'aurais répondu par politesse mais si je dois communiquer la liste, je ne le ferai pas auprès de Bercy, je le ferai par voie judiciaire », a précisé M. Condamin-Gerbier. « Je le ferai au bon moment, quand j'aurai pu sécuriser ma situation personnelle et professionnelle », a-t-il réaffirmé.

Une liste d'une quinzaine de politiques

M. Cazeneuve avait indiqué mercredi devant une commission d'enquête du Sénat sur l'évasion fiscale avoir appelé M. Condamin-Gerbier, témoin dans l'enquête sur l'affaire Cahuzac, à communiquer à Bercy la liste de ministres et ex-ministres détenteurs d'un compte en Suisse qu'il affirme posséder.

« J'ai invité ce matin M. Condamin-Gerbier à se rendre au 139 rue de Bercy de manière à me communiquer cette liste », a déclaré M. Cazeneuve rappelant les propos qu'il avait tenu plus tôt dans la matinée sur l'antenne de BFMTV/RMC. « J'invite ce monsieur, s'il a une liste avec des preuves, à les communiquer à Bercy (...) de manière à ce que l'administration compétente à Bercy puisse procéder aux investigations qui relèvent de ses prérogatives, conformément au droit », avait ajouté M. Cazeneuve.

La semaine précédente, M. Condamin-Gerbier avait affirmé devant des sénateurs disposer d'une liste « d'une quinzaine » de noms d'ex-ministres ou de ministres en exercice détenteurs d'un compte en Suisse, estimant que Jérôme Cahuzac n'était qu'un « fusible ».

Livrer des noms de clients de banque à une autorité étrangère équivaut à une violation du secret bancaire suisse et est passible d'une peine de 3 ans de prison, ainsi que d'une amende de 250.000 francs suisses (200.000 euros).