Jörg Asmussen, membre du directoire de la Banque centrale européenne (BCE), a tempéré jeudi les attentes de baisse de ses taux par l'institution, déclarant que la politique monétaire n'était « pas l'arme absolue pour toute maladie économique ».

« La répercussion de baisses des taux à la périphérie serait limitée », a dit M. Asmussen dans un discours prononcé à Londres et diffusé par la BCE, « or c'est là qu'elle serait le plus nécessaire ». La périphérie désigne les pays du Sud de l'Europe, à la conjoncture en berne sur fond de crise de la dette. « Dans le même temps, des baisses de taux assoupliraient encore plus des conditions de financement déjà extrêmement lâches » dans d'autres pays de la zone euro, et « des taux d'intérêt bas pendant trop longtemps peuvent conduire à des distorsions », a-t-il prévenu. « La politique monétaire n'est pas l'arme absolue contre toute maladie économique », a conclu l'Allemand.

Ses propos, qui font écho à ceux qu'il a tenus à Washington le week end dernier, interviennent alors que la publication ces derniers jours de plusieurs indicateurs de conjoncture décevants en zone euro a alimenté les espoirs d'une baisse des taux directeurs dès la semaine prochaine. Cette perspective porte les Bourses européennes depuis déjà plusieurs jours.

M. Asmussen a fait bien attention à ne pas exclure totalement l'hypothèse d'une baisse. « Bien sûr », a-t-il dit, « les effets négatifs (d'une baisse des taux) doivent être pondérés avec le besoin de mesures exceptionnelles de politique monétaire dans un contexte de crise », a-t-il dit. Le taux directeur de la BCE stationne à son plus bas historique de 0,75% depuis juillet dernier.