Invité de RTL, Jean-Marc Ayrault a apporté vendredi un soutien appuyé à son ministre de l'Economie, Pierre Moscovici, accusé d'avoir tenté de protéger Jérôme Cahuzac, dont le Premier ministre ne veut plus à l'Assemblée.

Jean-Marc Ayrault en a profité pour répondre aux critiques de certains ministres, dont Arnaud Montebourg, qui ont mis en garde contre la politique d'austérité qui serait conduite depuis mai 2012. « Il n'y a qu'une ligne politique au gouvernement, il n'y en a pas deux, il n'y en aura pas deux », a tranché le Premier ministre, révélant que François Hollande avait « fait un rappel » à l'ordre au gouvernement mercredi en Conseil des ministres. « Oui, nous sommes vent de face, ce n'est pas le moment d'oublier le cap », a fait valoir Ayrault, qui n'a « pas aimé qu'on conteste la politique du gouvernement ».

Le Premier ministre a aussi tenté de tourner la page de l'affaire Cahuzac, qui continue, dix jours après ses aveux sur son compte bancaire non déclaré à l'étranger, d'empoisonner le gouvernement. Le chef du gouvernement a ainsi apporté son soutien à Pierre Moscovici, soupçonné d'avoir disposé d'informations dès le mois de décembre au sujet de son collègue du gouvernement.

Jean Marc Ayrault a « demandé à Pierre Moscovici au mois de décembre quelles étaient les informations dont il disposait », et ce dernier « a dit exactement ce qu'il a dit à l'Assemblée nationale, aux journalistes, aux présidents des commissions des Finances de l'Assemblée nationale et du Sénat : il n'avait pas d'information », a ajouté le Premier ministre. Interrogé sur l'envoi d'une mission en Suisse pour enquêter sur un éventuel compte, comme le sous-entendait jeudi l'hebdomadaire Valeurs actuelles, il a répondu : « à ma connaissance, non ».

« On disait : ce type est compétent ! »

Le Premier ministre a aussi redit qu'il y aurait une commission d'enquête parlementaire, réclamée par l'opposition, sur l'affaire Cahuzac et que les ministres concernés répondraient aux questions des parlementaires. Il s'est une nouvelle fois montré sévère à l'égard de Jérôme Cahuzac, dont un éventuel retour à l'Assemblée serait, selon lui, « d'une indécence terrible ». Il a réaffirmé avoir demandé à Cahuzac de renoncer « par décence » aux six mois de traitement auxquels ont droit les anciens ministres après leur départ au gouvernement. « Il est face à sa conscience (...) Pour l'instant, je n'ai pas sa réponse », a-t-il glissé.

A-t-il eu des doutes avant la nomination de Jérôme Cahuzac à Bercy ? « [Il] a été un brillant président de la commission des finances, on disait : ce type est compétent ! », a justifié Jean-Marc Ayrault.

Concernant le texte de loi que prépare le gouvernement pour moraliser la vie politique et qui sera présenté au Conseil des ministres du 24 avril, le Premier ministre a assuré qu'il irait « jusqu'au bout » sur la transparence des élus, en dépit des réserves émises jusqu'au sein de la majorité. « La publicité », contestée notamment par le président PS de l'Assemblée, Claude Bartolone, sera faite pour les parlementaires, a promis M. Ayrault, et pour les ministres « dès lundi ».

En réponse à une question d'un auditeur, le Premier ministre s'est même montré ouvert à une publication des déclarations de revenu des élus. Enfin, il a confirmé que la future réforme des allocations familiales préserverait l'universalité des prestations. Ayrault a aussi voulu rassurer les éleveurs laitiers en assurant que des « mesures transitoires » étaient envisageables pour compenser la hausse des charges.