Selon le ministre français des Finances Pierre Moscovici, la zone euro a unanimement soutenu lundi soir une exonération totale des dépôts bancaires en-deçà de 100.000 euros à Chypre.

« J'ai plaidé l'exemption des dépôts sous 100.000 euros depuis le départ », a-t-il affirmé à la presse au lendemain d'une nouvelle réunion, téléphonique, avec ses homologues de la zone euro, pour rectifier le tir après l'accord très critiqué sur l'aide à Chypre. Ce plan de sauvetage, conclu dans la nuit de vendredi à samedi avec les Européens et le Fonds monétaire international (FMI), prévoyait une forte taxe sur tous les dépôts bancaires à Chypre, à compter du premier euro. Il a été mal accueilli sur l'île et a semé le trouble sur les marchés.

« Le choix de cette option a conduit à réaliser des risques, des risques que nous redoutions », a déploré le ministre français, estimant que les déposants pouvaient avoir eu le sentiment qu'un « tabou avait été sinon levé, du moins attaqué ». Selon Pierre Moscovici, au sein de l'Eurogroupe de vendredi, c'est le ministre chypriote des Finances Michalis Sarris qui « a plaidé pour qu'il y ait cet équilibre, y compris que les déposants soient assujettis à une taxe dès le premier euro ». « Nous avions des divergences autour de la table vendredi », a-t-il ajouté. A l'issue de cette première réunion, il avait défendu la solution entérinée à Bruxelles.

Rendement inchangé

L'Eurogroupe a donc dû rouvrir le chantier et a demandé lundi soir à Nicosie de ne plus taxer les déposants en dessous de 100.000 euros - seuil en-deçà duquel les dépôts bancaires sont garantis dans la zone euro.

« Le choix de la répartition de la charge de la taxe est le fait des autorités chypriotes, c'est à elles de choisir la répartition de la taxe », déclaré Pierre Moscovici. « C'est bien aux autorités chypriotes de proposer des mesures qui puissent être votées par leur Parlement, soutenues par leurs citoyens ». « Ce que propose l'Eurogroupe, c'est une répartition différente des taux », pour introduire « davantage de progressivité », avec un rendement inchangé de 5,8 milliards, a-t-il expliqué.

Selon lui, « le principe selon lequel les dépôts sont intouchables en dessous de 100.000 euros est un principe très ancré en Europe » et « la taxe a été comprise comme une remise en cause de ce principe ». « Cela justifierait qu'il n'y ait aucune taxation en dessous de 100.000 euros », a insisté le ministre français. Il a assuré qu'il « y avait unanimité » lundi au sein de la zone euro « pour se ranger à cet avis ». « Si le gouvernement chypriote le souhaite, nous sommes prêts, tous, à exonérer les déposants en deçà de 100.000 euros de toute forme de taxe », a-t-il encore ajouté, « mais il faudra bien du coup qu'on trouve des ressources ailleurs ».