Jean-Marc Ayrault s'est défendu lundi d'avoir traité Gérard Depardieu de « minable », assurant que le qualificatif visait davantage le comportement de l'exilé fiscal, auquel il voulait rappeler « l'esprit de patriotisme » et la « solidarité citoyenne » en période de crise.

Le Premier ministre s'exprimait devant la presse en marge d'un déplacement à Clermont-Ferrand, au lendemain de la lettre ouverte au vitriol de l'acteur s'estimant « injurié » par les critiques sur son exil fiscal en Belgique. « Je n'ai pas traité de minable M. Depardieu », a assuré M. Ayrault, « j'ai dit que ça avait un côté minable effectivement » d'établir sa résidence en Belgique pour payer moins d'impôts.

« J'aimerais qu'on lise entièrement ce que j'ai dit, j'ai dit aussi que Gérard Depardieu était un grand artiste, aimé par les Français à ce titre. Dans cette même intervention, j'ai parlé de solidarité citoyenne et de patriotisme, payer ses impôts lorsque des efforts doivent être faits c'est l'affaire de tous les Français », a ajouté le Premier ministre Et d'enchaîner : « J'en appelle à l'esprit de patriotisme, il est bien utile dans ces périodes où parfois les valeurs se perdent de revenir à l'essentiel ».

« Mon message essentiel est celui-là : quels sont les Français qui ne participent pas à l'effort collectif par leurs impôts ? Qui y échappe ? Très peu de gens ! Ceux qui le décident ! Est-ce qu'ils ont raison, est-ce que c'est à eux qu'il faut donner raison ? », a interrogé Jean-Marc Ayrault.

S'estimant « injurié » par les critiques sur son exil fiscal à Néchin, village belge frontalier de la France, Gérard Depardieu a annoncé qu'il rendait son passeport français, dans une lettre ouverte au Premier ministre, publiée dimanche par le JDD. Il a entamé une procédure pour obtenir la nationalité belge et mis en vente sa résidence parisienne.

Interrogé mercredi dernier sur le cas du célèbre acteur, parti s'établir outre-Quiévrain dans le sillage de plusieurs patrons français de multinationales, le Premier ministre avait déclaré : « Je trouve cela assez minable (...). Tout cela pour ne pas payer d'impôt, pour ne pas en payer assez ». « C'est une grande star. Tout le monde l'aime comme artiste », avait ajouté M. Ayrault sur France 2, avant de souligner toutefois que « payer un impôt, c'est un acte de solidarité, c'est un acte patriotique ». Il avait souligné que « ce comportement peu patriotique (des exilés fiscaux) est quand même très minoritaire ».