Trop de personnes pauvres éligibles aux minima sociaux n'en font pas la demande, en raison de complexités administratives ou par souci de discrétion, a estimé Marie-Arlette Carlotti, ministre chargée de la lutte contre l'exclusion, dans une interview au Journal du Dimanche.

« Aujourd'hui 33% des personnes éligibles au RSA socle (ex-RMI) ne le touchent pas, faute d'en avoir fait la demande. Le taux de non-recours atteint 68% pour le RSA activité (complément de petits salaires, ndlr) », selon Mme Carlotti. Quant au RSA jeunes, c'est « un échec ». Alors qu'on tablait sur 130.000 bénéficiaires, « ils sont moins de 9.000 à en bénéficier », affirme la ministre.

Selon Marie-Arlette Carlotti, le renoncement à ces aides « peut s'expliquer par la complexité des dossiers, par des prestations inadaptées ou par la peur d'être montré du doigt ». « Les gens s'enferment dans une pauvreté invisible », note-t-elle. S'agissant du RSA jeunes, « son dispositif a été verrouillé avec des conditions d'accès très contraignantes. (...) Aujourd'hui, il faut probablement l'améliorer ou le compléter. C'est urgent : 20% des jeunes vivent sous le seuil de pauvreté ». « Nous devons intégrer les personnes concernées à l'évaluation des dispositifs, améliorer la transparence, et revoir certaines aides », poursuit la ministre, précisant que les associations veulent une revalorisation du RSA de 25% sur cinq ans.

Le RSA socle s'élève actuellement à 474,93 euros pour une personne seule, sans enfant ou à 417 euros en cas d'aide au logement. Le RSA jeunes est d'un montant identique pour les jeunes de moins de 25 ans ayant déjà travaillé. Mais il faut justifier d'au moins deux ans de travail (3.214 heures) au cours des trois dernières années.

Une conférence nationale sur la pauvreté se tiendra les 10 et 11 décembre, et doit aboutir à un « plan quinquennal » de lutte contre les exclusions.