Le ministre du Budget Jérôme Cahuzac a répliqué dimanche à la présidente du Medef Laurence Parisot, démentant une hausse des départs d'entrepreneurs évoqué par Mme Parisot, et lui reprochant de « prendre le train en marche », suite à la fronde victorieuse des créateurs d'entreprises.

« Il y a aujourd'hui une urgence économique, une situation extraordinairement grave, il y a un risque pour notre pays, ce risque c'est celui d'un effondrement de notre tissu économique, et en plus, il faut le dire, un risque de départ massif des investisseurs et des chefs d'entreprise », a déclaré la dirigeante de l'organisation patronale sur Europe 1. « Oui, nous voyons beaucoup de chefs d'entreprises, d'investisseurs, quitter notre pays, ou (...) d'investisseurs étrangers qui avaient envie de venir développer des projets économiques en France et qui ont stoppé tous leurs projets », a-t-elle ajouté.

Pas d'accélération depuis les élections

Des propos qui ont été contestés vigoureusement par le ministre du Budget, sur l'antenne de Radio J. « Il y a un flux continu depuis des années, mais je n'ai pas vu d'accélération », et ce « ni avant ni après » l'élection du président François Hollande, a rétorqué Jérôme Cahuzac, ajoutant que la présidente du Medef lui donnait l'impression de se livrer à une « surenchère » et de « prendre un train en marche », suite à la fronde des entrepreneurs auto-baptisés les « Pigeons » contre la taxation des plus-values de cessions d'entreprises. « En s'exprimant de la sorte, elle ne rend pas service à notre pays », a-t-il poursuivi.

M. Cahuzac a également critiqué l'idée défendue par le Medef de relever la TVA et la CSG pour financer des allègements de charges sur les entreprises, et améliorer ainsi leur compétitivité vis-à-vis des entreprises étrangères. « Si les consommateurs paient plusieurs dizaines de milliards d'euros par an de plus au titre de l'imposition, c'est autant de moins qu'ils consacreront à la consommation, donc c'est autant de moins que les entreprises pourront vendre ». « Si je peux comprendre que la compétitivité soit un problème en France, je voudrais quand même faire remarquer qu'avoir des consommateurs qui achètent les produits fabriqués par ces entreprises, c'est quand même une question qui n'est pas mineure », a-t-il ajouté.

Interrogé sur le fait de savoir si le gouvernement avait abandonné tout projet d'augmenter la CSG, M. Cahuzac a cependant botté en touche, s'en tenant ainsi à la ligne officielle du gouvernement. « Je vous ai dit que je ne confirmerai ni n'infirmerai rien », tant que les décisions n'auront pas été prises, a-t-il répété.