La France va faire en 2013 un « effort inédit » de 36,9 milliards d'euros pour ramener le déficit public à 3% du PIB, dont plus de 24 milliards de hausses d'impôts, mais renonce à revenir au strict équilibre budgétaire en 2017, selon le projet de budget dévoilé vendredi.

Présenté comme « sans précédent » et « historique », ce plan de rigueur adopté en Conseil des ministres comprend pour l'an prochain 20 milliards d'euros de prélèvements nouveaux (10 sur les ménages, 10 sur les entreprises), en sus des 4,4 milliards déjà votés durant l'été, de 10 milliards d'économies sur les dépenses de l'Etat et de 2,5 milliards sur les dépenses d'assurance maladie. Le projet de loi de finances sera complété lundi par le budget de la Sécurité sociale.

Dans le détail, l'impôt sur le revenu va augmenter de 3,5 milliards d'euros, en raison de la taxation accrue des revenus du capital, du plafonnement du quotient familial et de la création d'une tranche à 45% pour les revenus supérieurs à 150.000 euros par part. Selon les simulations de Bercy, cette « réforme fiscale » censée « rétablir la progressivité de l'impôt » va augmenter les prélèvements de 4,1 millions de foyers, parmi les plus aisés, et alléger ceux de 8,5 millions d'autres. L'impôt payé en 2013 « sera diminué ou inchangé pour 89% des ménages », assure le ministère de l'Economie.

En outre, l'impôt de solidarité sur la fortune (ISF) est relevé pour un milliard d'euros et la « contribution exceptionnelle à 75% sur les revenus d'activité supérieurs à un million d'euros » apportera 200 millions. Un plafonnement, sorte de bouclier fiscal, sera toutefois rétabli pour éviter que le cumul des impôts directs nationaux ne dépasse les trois quarts des revenus d'un contribuable.

Bercy affirme « préserver le pouvoir d'achat du plus grand nombre ». Mais ses simulations ne tiennent pas compte des hausses d'impôts déjà votées pour 2013 par l'ancienne majorité (gel du barème de l'impôt sur le revenu) ou par l'actuelle (refiscalisation des heures supplémentaires et cotisations retraite), qui touchent aussi les classes moyennes et populaires.

Les grandes entreprises sont également visées, via un coup de rabot de 7 milliards d'euros sur plusieurs niches fiscales. Il vise à « réduire de 30% l'écart » qui voit aujourd'hui les grands groupes bénéficier d'un taux d'impôt sur les sociétés inférieur de vingt points à celui des petites et moyennes entreprises (PME). Près de deux milliards supplémentaires viendront de recettes anticipées sur les assureurs et les grandes entreprises.

Des mesures fiscales doivent aussi permettre un « choc d'offre » immobilier pour pousser les propriétaires à vendre des terrains et logements.

Les prélèvements obligatoires vont atteindre des sommets, passant de 44,9% du PIB cette année à 46,3% l'an prochain. Un niveau record de 46,7% sera atteint en 2015. Le gouvernement promet ensuite des baisses d'impôts à compter de 2016.

Ces efforts, sur la base d'une hypothèse de croissance de 0,8% l'an prochain puis de 2% par an jusqu'en 2017, doivent permettre de réduire le déficit public (Etat, Sécurité sociale et collectivités locales) à 3% du produit intérieur brut (PIB) en 2013.

En revanche, l'équilibre promis par le président François Hollande pour la fin du quinquennat est abandonné : le déficit public serait encore de 0,3% en 2017. Le déficit zéro ne serait atteint qu'en termes « structurels », c'est-à-dire sans tenir compte de la conjoncture, conformément au nouveau traité européen en cours de ratification.

L'objectif de 4,5% pour cette année est maintenu, même si Bercy fait état d'un léger dérapage du budget de l'Etat pour 2012 constaté depuis l'été en raison de recettes fiscales moins importantes que prévu. Le déficit de l'Etat devrait finalement atteindre 83,6 milliards d'euros à la fin de l'année, soit 2,4 milliards de plus que prévu. Il doit être réduit à 61,6 milliards en 2013. Cette année, le dérapage est compensé en partie par une charge de la dette revue à la baisse à 46,7 milliards grâce aux taux d'intérêt très bas dont profite la France. Cette charge s'élèvera à 46,9 milliards l'an prochain, restant pour la deuxième année consécutive le premier budget de l'Etat devant l'enseignement scolaire. La dette publique battra en effet un nouveau record en 2013, à 91,3% du PIB selon la nouvelle prévision revue à la hausse, avant de commencer à refluer en 2014.

Les dépenses publiques resteront stables à 56,3% du PIB en 2013 puis reculeront chaque année jusqu'en 2017. Globalement, elles n'augmenteront en volume, c'est-à-dire en plus de l'inflation, que de 0,7% par an entre 2013 et 2017, au lieu de 0,8% prévu jusqu'ici. Pour créer 11.000 postes dans les missions « prioritaires » (éducation, sécurité, emploi), 12.298 postes de fonctionnaires seront supprimés dans les autres ministères en 2013.

Enfin, l'inflation serait de 2% cette année puis 1,8% l'an prochain.