François Fillon a annoncé lundi que les mesures dévoilées la veille par Nicolas Sarkozy sur la TVA et la CSG feraient l'objet d'un collectif budgétaire présenté en conseil des ministres le 8 février, et ramené officiellement de 1% à 0,5% la prévision de croissance pour 2012.

« Le gouvernement présentera le 8 février un projet de loi de finances rectificatif (communément appelé collectif budgétaire, ndlr) ainsi qu'un projet de loi sur les mesures relatives au logement », a précisé M. Fillon en conférence de presse, au terme d'une réunion de plus d'une heure avec une demi-douzaine de ministres. Il a annoncé simultanément une révision à la baisse de la prévision de croissance officielle de la France, ramenée de 1% à 0,5%, précisant qu'elle figurerait naturellement dans ce collectif budgétaire.

S'agissant des accords de compétitivité, François Fillon a signalé avoir écrit lundi aux syndicats et au patronat pour aboutir à un accord sous « deux mois ». Nicolas Sarkozy a demandé dimanche aux partenaires sociaux d'entamer des négociations pour aboutir à des accords compétitivité-emploi afin de permettre aux entreprises de négocier le temps de travail des salariés en fonction de l'activité du moment.

Tout en affirmant connaître « le sens des responsabilités des partenaires sociaux », M. Fillon a prévenu que, faute d'accord, le gouvernement prendrait ses « responsabilités en déposant un projet de loi ». « Je ne vois aucune raison qui pourrait nous conduire à aller moins vite », a-t-il dit.

Par ailleurs, s'il a réaffirmé « l'objectif très ambitieux » d'un relèvement du taux d'apprentis à 5% en 2015 dans les entreprises, le Premier ministre a aussi précisé que les pénalités seraient renforcées pour les « grandes entreprises qui emploient moins de 1% d'apprentis ». Il n'a pas été plus précis sur la surtaxe qui serait infligée aux entreprises. Nicolas Sarkozy avait dimanche évoqué un doublement des sanctions.

Remise en cause en cas d'alternance

Devant la presse, François Fillon a défendu bec et ongles l'opportunité de ces réformes, et notamment de la hausse de la TVA, mesure la plus décriée. « La violence de la crise, les engagements que nous avons collectivement pris au sein de la zone euro, la dégradation de la situation économique rendent impossible et dérisoire l'idée d'une pause », a-t-il clamé. Comme on lui faisait remarquer que ces réformes, qui n'entreront parfois en vigueur qu'en octobre, pourraient être remise en cause en cas d'alternance, M. Fillon a rétorqué qu'il s'agissait d'un « choix que les Français feront ».

« Et les Français sauront que, s'ils votent pour l'opposition, ils se priveront de mesures extrêmement efficaces », a-t-il affirmé. « Compte tenu du calendrier, si nous ne prenons pas des décisions aujourd'hui, il y aura ensuite une longue interruption jusqu'au mois de juillet. (...) Ca veut dire qu'il n'y aura(it) aucune mesure de compétitivité prise en 2012 en France », a-t-il ajouté.

Sur la révision de la croissance à la baisse, le chef du gouvernement a noté qu'elle avait « un impact d'environ cinq milliards d'euros sur nos comptes ». Mais « le budget très prudent que nous avions construit permet de l'absorber sans demander d'efforts supplémentaires », a-t-il souligné. « La croissance devrait redémarrer dans la zone euro et en particulier en France avant la fin du premier semestre », a également noté M. Fillon.