Le Sénat a adopté dans la nuit de lundi à mardi, par 175 voix contre 164, le projet de loi de financement de la sécurité sociale (PLFSS) pour 2012, profondément remanié par sa nouvelle majorité de gauche.

Les sénateurs des groupes SOC-EELV (socialistes et Verts), CRC (communistes, républicains et parti de gauche) ont voté pour ce texte ainsi que la plupart des sénateurs RDSE (Rassemblement démocratique et social européen). L'UMP et l'Union centriste ont voté contre.

Yves Daudigny, rapporteur général socialiste de la commission des Affaires sociales, a souligné que « la majorité du Sénat a clairement rejeté le projet du gouvernement qui a laissé filer les déficits (...) mais elle a voulu montrer qu'une autre politique est possible ». Remarquant que le Sénat « a ainsi réduit d'au moins 3,5 millions d'euros le déficit », il s'est félicité que la nouvelle majorité de gauche soit « parvenue à imprimer sa marque sur ce texte (...) qui représente pour nous l'esquisse de ce que pourrait représenter un vrai projet de gauche pour la sécurité sociale ».

Pour le groupe CRC, Isabelle Pasquet (CRC) s'est aussi félicitée que la nouvelle majorité sénatoriale de gauche ait fait la démonstration qu'« avec des orientations politiques autres que celles promues par le Gouvernement, il est possible de trouver des ressources supplémentaires pour notre système de protection sociale ». « Au final, a-t-elle dit, le Sénat aura permis le gain de 5 milliards de recettes nouvelles, soit une réduction de 30% du déficit de la sécurité sociale pour 2012 ».

« A contre-courant »

« Que reste-t-il du projet après son passage au Sénat? », s'est interrogé pour sa part l'UMP Alain Milon. « Pas grand-chose, a-t-il dit, relevant que tous les tableaux d'équilibre avaient été rejetés et que 17 taxes nouvelles avaient été instaurées ». De son côté, Muguette Dini (Union centriste) a expliqué que son groupe avait voté contre ce projet « qui sort complètement transformé de son passage au Sénat ».

Le ministre de la Santé Xavier Bertrand a lui diagnostiqué: « Plus de dépenses et plus de prélèvements! » « Vous faites comme si la crise n'existait pas », a-t-il lancé. « Le vrai courage politique ce n'est pas d'augmenter les prélèvements (...) mais l'impôt est dans votre ADN. Nous disons nous, nous pouvons dépenser moins et dépenser mieux. Vous êtes à total contre-courant ».