La Banque centrale européenne (BCE) a été sensible aux tensions actuelles enregistrées en zone euro et a décidé jeudi de laisser son dispositif de mesures exceptionnelles inchangé, refusant toutefois d'aller au-delà, comme le réclamaient les marchés.

C'est Jean-Claude Trichet qui l'annoncé jeudi à l'issue de la réunion du conseil des gouverneurs : la BCE a décidé de prolonger son dispositif de refinancement à taux fixe et illimité sur trois mois en faveur des banques de la zone jusqu'à fin mars 2011. « Nous avions envisagé de revenir aux enchères » a expliqué le président de l'institution monétaire européenne, « mais nous avons jugé approprié de maintenir l'allocation illimitée » de liquidités.

La BCE a également décidé de prolonger « aussi longtemps que nécessaire et au moins jusqu'au 12 avril 2011 » ses opérations de prêts aux banques sur une semaine et sur un mois, dans les mêmes conditions. Ce dispositif devait normalement prendre fin en janvier 2011.

Guettée par les marchés

Ces mesures étaient guettées par les marchés et les analystes, alors que beaucoup de banques des pays actuellement les plus fragiles de la zone euro dépendent encore des liquidités de la BCE pour se refinancer. Les marchés espéraient aussi une annonce forte de la BCE concernant son programme d'achats hebdomadaires d'obligations publiques pour rassurer et contribuer à faire retomber les taux obligataires de certains pays de la zone euro qui atteignent des records.

Sur ce point ils en ont été pour leurs frais: « Le programme se poursuit », s'est borné à dire Jean-Claude Trichet, refusant de commenter de récentes spéculations sur une forte augmentation de ce programme. La BCE a acheté pour 67 milliards d'euros d'obligations publiques depuis le début de ce programme inédit lancé en mai, en pleine crise grecque, pour tenter de stabiliser le marché de la dette publique en zone euro.

Ecrasante majorité

« Il ne s'agit pas d'assouplissement quantitatif, nous absorbons toutes les liquidités », a simplement précisé M. Trichet. Pour éviter une hausse de la masse monétaire en circulation, ce qui aurait pour effet d'encourager l'inflation, la BCE retire chaque semaine des liquidités d'un même montant sur le marché.

La décision de continuer le programme d'achats d'obligations a été prise à une « écrasante majorité » par le conseil des gouverneurs de la BCE, tandis que le choix de prolonger les prêts aux banques sur trois mois dans les mêmes conditions qu'avant a été prise par « consensus », a précisé Jean-Claude Trichet en guise de conclusion.