Le président de la Banque centrale européenne (BCE) a laissé entendre lundi que la catastrophe japonaise et ses répercussions sur l'économie mondiale ne changeaient pas la position de son institution concernant une possible hausse des taux d'intérêt dès avril.

« En ce qui concerne notre position sur notre future politique monétaire, je n'ai rien à ajouter à ce que j'ai dit au nom du conseil des gouverneurs à l'occasion de notre dernière réunion au début du mois », a déclaré Jean-Claude Trichet devant la commission économique et financière du Parlement européen à Bruxelles.

Le 3 mars, M. Trichet avait annoncé une « possible » hausse le mois prochain du principal taux directeur de la BCE, fixé à 1% depuis mai 2009. A la suite de cette déclaration, les analystes avaient estimé qu'une augmentation des taux de la BCE était inéluctable et tablé sur une hausse de 25 points de base, à 1,25%.

Mais depuis la catastrophe japonaise analystes et commentateurs estimaient que la BCE pourrait reporter cette hausse. Le gouverneur de la Banque de France Christian Noyer avait d'ailleurs souligné la semaine dernière que la BCE prenait « toujours en compte toutes les nouvelles informations » dans ses décisions.

Sauf très mauvais chiffres

« Si M. Trichet n'a rien à ajouter à ce qu'il a dit la dernière fois c'est qu'il ne change pas d'avis », a estimé lundi l'économiste de Deutsche Bank Gilles Moëc. « Il faudrait vraiment des chiffres très, très mauvais cette semaine de l'indice PMI de l'activité du secteur privé en zone euro en mars et du baromètre de confiance Ifo des entrepreneurs allemands pour qu'il change d'avis », a ajouté M. Moëc, jugeant que « ce ne sont pas 25 points de base qui vont changer grand-chose » à la situation économique en zone euro. D'autant que la BCE a décidé de continuer sa politique d'allocation illimitée de liquidité à taux fixe aux banques de la zone jusqu'à la fin du deuxième trimestre.

Par ailleurs, M. Trichet a répété lundi l'opposition de la BCE à l'émission d'euro-obligations qui réduirait « la motivation (des gouvernements) à mener des politiques budgétaires saines ».