François Fillon, en brisant le "tabou" de la suppression du bouclier fiscal et de l'ISF, a suscité des commentaires ironiques ou hostiles au PS, chez les Verts et au FN, et une mise au point de l'UMP, qui refuse d'en faire un sujet "d'actualité".

L'ancien Premier ministre Laurent Fabius, pour qui le bouclier fiscal (créé par le gouvernement Villepin) est une « injustice absolument énorme », s'est étonné de la « gymnastique » du gouvernement. « Il y a quelques mois, a-t-il dit, il fallait absolument installer le bouclier fiscal en France parce que l'Allemagne en avait un... Aujourd'hui, si je comprends bien, les mêmes nous disent il faut supprimer le bouclier fiscal parce que l'Allemagne n'en a pas ».

Chez les Verts, Cécile Duflot a noté que le bouclier, jusqu'ici « intouchable et inattaquable », commençait à être « friable ». La secrétaire nationale des Verts a cependant jugé « hypocrite » de lier sa suppression à celle de l'ISF (rétabli par le gouvernement Rocard), ce qui reviendrait à « rendre de la main gauche ce qu'on enlève de la main droite ».

Même tonalité au PS, où le porte-parole Benoît Hamon a refusé, lui aussi, de lier les deux, comme le réclament les parlementaires centristes de la majorité. Cela consisterait, selon lui, à faire un « cadeau 4,5 fois plus important » aux « riches ». Il a mis en regard les 3,1 milliards d'euros de l'ISF qui sont versés dans les caisses de l'Etat, et les quelque 670 millions restitués au titre du bouclier « qui, en quelque sorte, sortent des caisses » de Bercy.

Au Front national, Marine Le Pen a ironisé sur le « grand acte de courage » qu'a accompli le Premier ministre en faisant ses déclarations, liées selon elle à son départ prochain de Matignon. « En réalité, la seule action qu'est capable de mener ce gouvernement, c'est de défaire les mauvaises choses qu'ils ont eux-mêmes faites », a-t-elle dit.

La nouvelle petite phrase polémique de M. Fillon a conduit le porte-parole du parti présidentiel Frédéric Lefebvre à faire une mise au point. La suppression du bouclier et de l'ISF n'est « pas d'actualité », a-t-il prévenu, en invoquant le risque d'un exil fiscal des bénéficiaires. Ce risque génèrerait une « perte sèche pour les recettes de l'Etat » de « 4 milliards d'euros », a-t-il estimé. Sans toutefois exclure que l'on aboutisse à « d'autres équilibres » au terme du débat lancé récemment à l'UMP sur le sujet.

Enfin, Philippe Vigier, porte-parole adjoint du Nouveau Centre (allié à l'UMP) qui ne cesse de dénoncer « l'injustice » du bouclier fiscal depuis trois ans, a profité du moment pour appeler à « un pacte fiscal plus juste! ».