Sans attendre le rapport que le Fonds monétaire international (FMI) doit remettre en avril au G20 , plusieurs pays envisagent de créer une taxe sur les banques. Voici les principaux projets:

Son directeur général Dominique Strauss-Kahn a enterré l'idée d'une taxe sur les transactions financières, sur le modèle de la "taxe Tobin", jugée "difficile à créer et plutôt facile à éviter".

Il lui préfère une prime d'assurance appliquée aux banques. Celle-ci viserait à réduire la prise de risque ainsi qu'à constituer un fonds de secours en cas de crise.

ETATS-UNIS

Barack Obama a annoncé en janvier son intention de taxer les banques ayant plus de 50 milliards de dollars d'actifs, soit une cinquantaine d'établissements, pour "récupérer chaque centime" des fonds publics dépensés pour stabiliser le système financier face à la crise.

L'idée d'un fonds de secours contre d'éventuelles faillites bancaires a ensuite émergé. Selon un texte en discussion au Sénat, il serait financé par la banque centrale (Fed) pendant deux ans, et seulement ensuite par cette taxe, qui pourrait être modulée en fonction des risques pris par chaque institution.

Le processus législatif risque toutefois d'être long et laborieux.

ALLEMAGNE

Le gouvernement doit adopter mercredi le principe d'une taxe sur les banques pour alimenter un "fonds de restructuration" qui assurera, en cas de crise, "le démantèlement ou la stabilisation" des établissements financiers.

Cela devrait rapporter un milliard d'euros par an. La hauteur du prélèvement dépendra de la taille des banques et de leur catégorie de risques: caisses d'épargne et banques mutualistes seraient épargnées, au moins partiellement.

Selon la presse, le fonds de secours sera alimenté jusqu'à ce qu'il atteigne 1 à 2% du PIB, soit 25 à 50 milliards d'euros.

ROYAUME-UNI

Le gouvernement travailliste est favorable à une taxe bancaire, à condition qu'elle soit internationale. De leur côté, les conservateurs se disent prêts à instaurer une taxe sur le modèle américain sans attendre un consensus mondial.

Londres estime que les recettes d'une éventuelle taxe devraient alimenter le budget de l'Etat plutôt qu'un fonds spécifique. Les banques apporteraient ainsi une "contribution juste" à la société.

FRANCE

La ministre de l'Economie s'est dite favorable à une taxe sur "les institutions financières qui, par leurs activités ou leur profil de risque, font courir un risque à l'économie ou au pays".

Christine Lagarde ne semble toutefois pas vouloir créer un "fonds d'assurance faillite". A Bercy, on redoute que les banques, ainsi assurées d'être sauvées, soient incitées à prendre des risques excessifs. Ces recettes pourraient donc être directement affectées au budget de l'Etat.

Quant à l'usage de cette taxe, Paris n'exclut pas qu'elle puisse être destinée à "financer le développement" ou le "changement climatique".

UNION EUROPEENNE

Berlin dit vouloir étendre son projet à l'échelle européenne. Ce sujet devrait être évoqué par les ministres des Finances les 16 et 17 avril à Madrid. La Commission ne veut avancer qu'en cas de "solution coordonnée à l'échelle mondiale".

Les Européens ne se sont pas mis d'accord sur la finalité d'une telle taxe: financer le changement climatique, renforcer l'aide au développement ou faire payer les banques pour la crise?